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minorité qui est seule à profiter de cet état de choses, et voudrait le perpétuer, que nous luttons les uns contre les autres en faisant les plus beaux rêves de fraternité ; que les classes possédantes exploitent les dépossédés en prêchant la solidarité, le dévouement et la charité.

Mais ceux qui souffrent se sont demandé pourquoi ils continueraient à entretenir des parasites ? Pourquoi ils demanderaient comme une aumône ce qui sort de leur travail ? Leur cerveau s’est développé, ils ont réfléchi sur les causes de leur misère, et ils ont compris que pour en sortir, ils devaient solidariser leurs efforts et que le bonheur de chacun n’était réalisable que par le bonheur de tous dans une pratique complète de la solidarité.

Ils ont compris encore, que cette autorité qu’on leur avait représentée comme une sauvegarde tutélaire entre les intérêts antagoniques pour empêcher une lutte plus féroce, n’était au contraire, qu’un moyen pour les parasites, d’éterniser l’état de conflit, afin de perpétuer leur parasitisme, c’est pour cela qu’en même temps qu’ils proclament le droit à l’existence pour chaque individu, ils proclament aussi son autonomie la plus complète, l’un n’allant pas sans l’autre, l’existence ne pouvant être complète sans son corollaire : la liberté.


Certains défenseurs de l’ordre bourgeois sont forcés de l’avouer, leur jouissance dans la société actuelle n’est pas pleine et entière, elle est troublée dans sa propre origine, par la pensée qu’il y a, à côté d’eux, des êtres qui peinent et qui souffrent pour leur produire le bien-être. Tout bourgeois intelligent