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sont venus démontrer que l’égoïsme étant le fond même de la nature humaine, l’homme ne trouverait son bonheur que lorsque la société lui permettrait de ne penser qu’à lui, et de rapporter tous ses actes, tous ses raisonnements à la culture de son Moi ! devenu la divinité à laquelle il devait tout sacrifier.

Cette théorie est pratiquée par une jeunesse littéraire, qui méprise de toute l’intelligence dont elle se croit douée, la vile masse qu’elle considère comme inférieure, et en est arrivée à préconiser une espèce d’anarchie aristocratique qui avec quelques centaines de mille francs de rente, s’accommoderait parfaitement de la société actuelle. En haine de l’abnégation et de la soumission prêchées par le christianisme et la morale bourgeoise, nombre d’anarchistes ont cru trouver, dans cette nouvelle formule, l’expression de la vérité, il s’en est suivi une polémique entre les partisans de ce que l’on a appelé « l’égoïsme » et les partisans de ce que l’on a appelé « l’altruisme ».

Des flots d’encre ont été répandus pour expliquer ces deux termes, on a entassé sophismes sur sophismes, débité beaucoup de non-sens, de chaque côté pour prouver que chacun de ces termes devait être exclusivement le moteur de l’individu.


Et selon le dada particulier que chacun avait enfourché on a reproché successivement au communisme anarchiste — du côté des partisans de l’égoïsme : — que l’idée anarchiste, pour pouvoir subsister exigeait trop d’altruisme de la part des individus, que la possibilité d’une société semblable supposait des hommes parfaits, tels qu’il n’en existe pas, que l’homme n’est pas, de sa nature, porté à se sacrifier pour les