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diées, mais ne leur demandons pas davantage, ne leur demandons pas de nous faire notre bonheur, quand eux-mêmes, parfois, sont incapables de faire le leur ou celui de ceux qui les entourent.

En demandant la liberté et la possibilité pour tous, indistinctement, d’évoluer selon leurs tendances, loin de vouloir asservir l’intelligence comme on feint de le craindre, loin de vouloir l’étouffer sous la haine des médiocrités, nous voulons, au contraire, la débarrasser de ses entraves économiques, la dégager des considérations mesquines de lucre ou d’ambition, lui faciliter son développement, lui faire prendre son libre essor.

De même que les individus auront à se grouper pour produire les choses nécessaires à leur existence matérielle, de même, ils auront à se grouper pour se faciliter les études de ce qui les intéressera, pour produire ou se procurer les objets dont ils auront besoin pour leurs études.

Aujourd’hui c’est le capital qui facilite aux uns la possibilité d’étudier. Dans la société future, il ne suffira que de vouloir… et de travailler. Pour apprendre aux individus, on ne leur dira pas, avez-vous de quoi vivre pendant le temps nécessaire aux études ? Avez-vous telle somme à verser avant de commencer ?

Ceux qui voudront apprendre se rechercheront, se grouperont selon leurs affinités, ils organiseront leurs cours, leurs laboratoires comme ils l’entendront, ceux qui sauront le mieux grouper leur enseignement, auront le plus de chance de s’étendre. Ils n’auront pas, comme aujourd’hui, un monde de travailleurs et de manœuvres, attendant leurs ordres, prêts à satisfaire le moindre de leurs caprices, non pour les choses