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ment philosophique, nous pourrions hardiment répondre à ceux qui disent que la société doit beaucoup aux hommes supérieurs, que leur proposition est une erreur : l’homme instruit, intelligent, en s’accaparant une plus grande portion de matière cérébrale, en profitant des moyens d’études que la société a mis à sa disposition, et cela au détriment de ceux qui étaient condamnés à produire pendant que lui, s’assimilait les connaissances et découvertes, fruit du travail des générations passées et présentes, c’est l’homme intelligent qui est redevable à la société, loin d’avoir un surcroît de Jouissances à réclamer, c’est elle qui a le droit de lui dire : « rends-moi donc en proportion de ce que je t’ai donné ! »

Et par société, nous entendons tous ceux qui ont produit pendant qu’il étudiait, tous ceux qui ont coopéré à produire les livres qu’il a lus, les instruments dont il a eu besoin pour ses expériences, les produits qu’il a utilisés dans ses recherches. Qu’aurait-il fait, avec toute l’intelligence dont il aurait pu être virtuellement doué, s’il n’avait pas trouvé tout cela sous sa main ?

Mais de quel droit un homme, parce qu’il serait plus intelligent qu’un autre, viendrait-il lui dicter des lois ? — Du droit de son intelligence ? — Mais si la brute est plus forte et use de sa force pour contraindre l’homme intelligent à le servir, direz-vous que cela est juste ? Pourquoi non ? — La force est aussi un produit de la sélection naturelle, au même titre que l’intelligence. S’il y en qui se vantent de l’activité de leur cerveau, il y en a qui exaltent la force de leurs biceps, et nous avons eu, dans nos sociétés assez d’exemples de force brutale dominant