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n’a, virtuellement, aucun droit, aucun pouvoir sur l’individu ; qu’en aucun cas le bien-être ni l’autonomie de celui-ci ne peuvent être sacrifiés — contre sa volonté — aux besoins de celle-là, et que toutes les sous-entités : autorité, propriété, patrie, famille, ne sont que des rouages créés par ceux qui en bénéficient, pour absorber l’individualité humaine et l’exploiter à leur seul profit.

Il est de toute évidence que la société ne peut avoir aucun besoin propre à elle seule, qui lui soit particulier ; qu’elle ne forme pas un organisme indépendant, et que toutes les analogies dont on a voulu exciper sont trop tirées par les cheveux pour avoir quelque valeur. On peut, dans beaucoup de cas, comparer la société à un organisme, l’analogie peut être plus ou moins frappante, mais ce serait une erreur de conclure à une identification absolue.

L’association des individus est faite en vue de tirer un meilleur parti de leurs forces ; cette association peut être permanente ou temporaire, ils peuvent varier leurs modes de rapports, mais tout cela ne crée pas un être vivant. Et lorsque, au nom de ce soi-disant organisme, on vient faire valoir des droits nouveaux, contradictoires à ceux des individus qui en forment la matière, cela signifie seulement que ceux qui se sont arrogé le droit de diriger le char social, éprouvent le besoin de faire passer leurs propres intérêts avant ceux de leurs coassociés.

Si la société était établie sur des bases naturelles, l’intérêt social et l’intérêt individuel ne devraient jamais se heurter. Dans un agrégat de cellules, l’animal qui en résulte n’éprouve aucun besoin nuisible à ses particules, sauf dans les cas pathologiques qui, alors,