Page:Grave - La Société future.djvu/165

Cette page a été validée par deux contributeurs.

être, mais obéissance réfléchie, discutée parfois, tempérée toujours par la délibération de l’individu et non soumission absolue. Toutes les révoltes qui ont marqué les étapes du prolétariat, toutes les révolutions qui se sont faites contre les pouvoirs constitués, nous prouvent que si l’on a pu étouffer les tentatives d’affranchissement, on n’a jamais pu détruire ce sentiment d’indépendance qui gît au fond du cerveau de chaque individu, sentiment qui peut s’assoupir parfois mais se réveille sous les coups de fouet de la nécessité.

Après chaque révolution, on retombait dans l’ornière de l’oppression et de l’autorité, cela tenait aux préjugés d’éducation. Depuis qu’elle se connaît, l’humanité a toujours été tenue en bride, rien d’étonnant à ce qu’elle ne puisse croire à une liberté non réglementée. Mais aujourd’hui ces préjugés croulent sous les coups de la critique ; ces sentiments d’indépendance trouvent leur formule, l’humanité apprend à ne plus vouloir de maîtres, elle réclame sa libre autonomie.


L’association est donc une nécessité pour l’homme, c’est une des conditions sine qua non de son développement intellectuel. Mais, si l’individu est forcé de vivre en société, il ne faut pas, comme nous l’avons vu, se hâter de conclure qu’il doit se sacrifier à l’association. Cette société n’a de raison d’être que par l’avantage que l’individu peut en tirer ; si elle lui était nuisible il aurait le droit de s’y soustraire, et nous arrivons alors à cette vérité que la société, cette entité abstraite créée par les sociologues et les politiciens