Page:Grave - La Société future.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.

précédent chapitre, on peut constater des spécialisations de travail, la personnalité des individus a évolué vers un type particulier ; leur intelligence ne les ayant pas amenés à se créer des outils de matières inertes indépendants de leur organisme, ce sont leurs membres qui leur en tiennent lieu, et ces outils se sont développés dans le sens de leur spécialisation, entraînant une conformation particulière de tout l’organisme. Ces variations graduelles s’accumulant de génération en génération, elles sont arrivées à former, au milieu de chaque espèce, des espèces différentes d’individus qui semblent former autant de classes.

Mais cette différenciation d’aptitudes, cette spécialisation de travail ne comporte aucune sujétion, aucune autorité. Chaque individu travaille selon sa nature au bien commun, parce que le bien commun engendre le sien propre ; chacun se partage la besogne selon ses aptitudes, mais aussi les vivres selon ses besoins. Lorsqu’une fourmi est affamée, de ses antennes elle frappe les antennes d’une sœur mieux partagée, et celle-ci lui régurgite une part de la nourriture que contient son estomac, et si un insecte quelconque voulait gaspiller les vivres de la communauté, ses collègues ne tarderaient pas à le ramener à la raison.

Nous ne demandons pas aux bourgeois de pousser la complaisance au même degré que les fourmis ; quand nous parlons de leur faire rendre gorge ce n’est pas en ce sens-là. Mais eux qui vont chercher, jusque chez ces insectes des arguments pour étayer leur ordre social, ils ne devraient pas oublier que ces petites bestioles ne souffrent pas le parasitisme de leurs congénères et savent s’en défendre.

Chez les abeilles, il existe une classe que l’on pour-