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ble appareil judiciaire et répressif qui sert de sauvegarde à la société actuelle ; là encore la transformation sociale n’aura-t-elle pas apporté son action bienfaisante en adoucissant les relations entre individus, en éliminant les causes de division ?

Restent les criminels dont les actes ne paraissent avoir aucun mobile explicable autrement que par une frénésie brutale, une perversion de sentiments. Mais ceux-là ne sont que l’exception, ils sont excessivement rares, et le pouvoir des lois n’a absolument aucune prise sur leurs auteurs, leur répression aucune influence sur ceux qui peuvent être entraînés à en commettre de semblables. Ceux-là relèvent de la pathologie, la justice distributive n’a rien à voir avec eux.

Pour le médecin et l’anatomiste qui étudient réellement pour savoir et non pour obtenir des distinctions honorifiques, lorsqu’un cas semblable se présente à eux, le cerveau de l’auteur d’un acte semblable ne leur présenterait-il à l’analyse aucune altération sensible aux moyens d’investigations actuels, pour le savant qui cherche la vérité, et non une situation en flagornant la société, en se faisant le pourvoyeur du bourreau ; il n’en reste pas moins acquis que cet individu n’a pu obéir qu’à des impulsions indépendantes de sa volonté.

La société peut avoir le droit de se défendre, mais elle, ni qui que ce soit, n’a le droit de punir ou de récompenser. Et, avant de rendre l’individu responsable de son acte, cette société vengeresse devrait se demander si elle n’est pas la première fautrice du forfait dont elle se plaint, en forçant une partie de ses enfants à croupir dans la misère, l’ignorance et la