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ustensiles qui lui servent directement, tout le reste est à la libre disposition de tous, eh bien, sauf de la part de ceux qui ont déjà réussi à s’attribuer certaines fonctions d’autorité — on ne nous cite pas de cas où l’on aurait vu les plus forts chercher à déloger les habitants d’une cabane pour s’y installer, ou leur enlever leurs instruments de chasse et de pêche.

Dans certaines tribus, un individu s’est éloigné de chez lui, il a faim, il entre dans la première case venue, s’asseoit à la table au milieu de la famille, et puise au plat sans en demander la permission à personne. Une fois repu, il s’en va sans même remercier ses hôtes de rencontre, sans que ceux-ci pensent le moins du monde avoir été volés. Eux-mêmes en auraient fait autant dans sa situation : question d’habitude et de réciprocité, voilà tout.

Est-ce que ces mœurs ne valent pas mieux que les nôtres, où celui qui aura faim sera forcé de s’humilier ou de se révolter ? Elles manquent peut-être des formalités de notre civilité puérile, faites-les plus gracieuses, mais laissez-leur leur primitive simplicité.


Oui, nous dira-t-on, mais il y a les crimes passionnels. « Ha ! ceux-là, ne sont pas le produit de l’organisation sociale actuelle ? Ceux-là, dérivent bien de la mauvaise nature des individus ? Pour ceux-là, vous aurez beau changer le milieu, vous ne les ferez pas disparaître. Vous serez bien forcés de prendre des mesures contre leurs auteurs ».

Eh bien là, encore, n’en déplaise à nos contradicteurs, nous soutenons qu’ils ne sont que le produit d’une mauvaise organisation sociale. Nous avons déjà vu que, pour la vengeance, par exemple si on pou-