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qu’en perdant en profondeur sur la plupart, sinon sur toutes.

Celui qui acquerrait une parfaite connaissance des choses, qui arriverait à déterminer tous leurs rapports, celui-là n’accomplirait aucun acte ; ne ferait aucun mouvement, n’émettrait aucune idée, sans en avoir prévu toutes les conséquences. Celui-là pourrait prédire l’avenir. Celui-là, — en admettant que l’esprit de justice absolue soit en relation étroite avec l’intellectualité parfaite, celui-là sauf l’immortalité, aurait la puissance d’un Dieu, et pourrait, peut-être gouverner équitablement les hommes.

Mais celui-là n’a jamais existé ; et il est plus que probable que l’humanité aura cessé d’exister avant qu’elle le produise, puisque, à cette heure, où les connaissances humaines sont encore si incomplètes il n’existe pas d’individu pouvant les embrasser toutes intégralement, et que les matières à connaître grandissent avec les connaissances et le cerveau.

Donc, quoiqu’en disent les parlementaristes, en s’abstenant de prendre part à la comédie électorale, les anarchistes n’ont nullement l’intention de laisser faire les réactionnaires.


Tant que les individus seront asservis économiquement, toutes les libertés politiques qu’on leur octroiera ne seront qu’un leurre, parce que celui qui, pour vivre, est forcé de se mettre à la solde d’un employeur, celui-là ne peut être libre devant qui peut le condamner à crever de faim en refusant d’utiliser ses services.