Page:Grave - L’Anarchie, son but, ses moyens.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et l’on peut travailler à susciter cette forte opinion publique, sans avoir besoin de prendre part aux tripotages électoraux.


Écœurés par la politique, convaincus de la malhonnêteté du milieu parlementaire et de sa nuisance ; sachant que les lois sont inefficaces, là où elles ne sont pas appuyées par les faits, les anarchistes ont vu que, en tant qu’exploités et opprimés, ils n’avaient rien à gagner dans ce milieu corrupteur, et se sont mis à faire ressortir toute l’inutilité des campagnes électorales à leurs compagnons de chaîne.

S’apercevant que les quelques avantages que les travailleurs pouvaient en tirer ne valaient pas la dépense d’efforts que nécessitait l’envoi d’un député à la Chambre ; s’étant rendu compte que les individus qui venaient leur demander leurs suffrages, en leur promettant émancipation et bien-être au moyen de lois favorables, n’étaient que des fourbes ou des ignorants ; ne voulant plus être dupes, ne voulant plus dépenser leurs forces à des besognes inutiles, les anarchistes ont déserté le terrain politique.

Et cela, chez eux, n’est pas seulement une conviction, c’est un fait démontré par l’expérience et le raisonnement. Et c’est cette vérité qu’ils s’efforcent de faire pénétrer parmi le troupeau électoral.

Mais où les parlementaristes ont-ils pris que l’abstention, telle que la comprennent les anarchistes, était synonyme de désertion, qu’il n’y avait