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Dans les révolutions politiques passées, les campagnes n’ont jamais compté pour quoi que ce soit dans le mouvement qui s’opérait, quittes, il est vrai, à prendre, par la suite, leur revanche.

On renversait le gouvernement à Paris, quelques grandes villes prenaient part à la lutte en chassant les fonctionnaires en place, en brisant les insignes du pouvoir déchu ; les plus hardis se substituant au lieu et place des fonctionnaires chassés, administrant comme avaient administré leurs prédécesseurs, quittes à faire ratifier, plus tard, par le pouvoir central sorti de la nouvelle révolution, leur prise de possession des fonctions.

Et les choses reprenaient leur cours habituel.

Les fonctionnaires de village n’étant que le menu fretin des déplacements, ce n’est qu’à la longue que le leur s’opérait.

C’est par ouï dire que les habitants des campagnes apprenaient qu’un changement politique s’était opéré quelque part. Le nouveau gouvernement installé, une proclamation venait apprendre à ses administrés que de nouveaux protecteurs s’étaient chargés d’assurer leur bonheur. L’en-tête des papiers officiels persistant parfois, de longues années encore, à porter la suscription et les armes du gouvernement abattu.

C’est ensuite qu’elle prenait terriblement sa revanche. Les nouveaux dirigeants éprouvant le besoin de légitimer leur situation faisaient appel au suffrage universel, et les bons campagnards envoyaient au parlement tous les partisans des systèmes rétrogrades, faire obstacle aux réformes que les nouveaux dirigeants auraient pu avoir la velléité d’essayer.