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eux qui l’afffirment — en ont fait un aphorisme pour justifier l’état social actuel : « L’homme, disent-ils, recherche le plaisir et fuit la douleur. » La Palisse n’aurait pas mieux trouvé.

Seulement, ajoutent-ils : « Consommer étant un plaisir, produire étant une peine, l’homme livré à lui-même voudrait toujours consommer sans jamais produire. Il faut donc tout donner aux uns, ne rien laisser aux autres ; de cette façon il y en aura toujours un certain nombre qui seront bien forcés de travailler.

Mais l’axiome des économistes n’est vrai qu’à moitié.

Que l’individu se tourne du côté du moindre effort, cela est tout naturel. Forcer les autres à travailler à votre profit, alors que toutes ses facultés étaient tendues vers la conquête de sa pâture, pouvait sembler à la brute ignorante une solution très désirable, et l’on ne s’est pas fait faute de l’appliquer ; cela a pu même durer sans grands efforts tant que les gens ont été assez bêtes pour se plier à cette solution.

Seulement, chaque chose a ses inconvénients, chaque action appelle sa réaction. Le travail qui devrait être un plaisir, une gymnastique pour vos muscles, un aliment à votre activité, par ce fait que quelques-uns sont forcés de produire pour tous est devenu une véritable peine, entraînant une souffrance d’autant plus grande qu’il vous était imposé, non par vos besoins, mais par des conditions extérieures à votre volonté. Et ceux qui y sont assujettis ne veulent plus s’y plier.