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Mais les politiciens veillaient ! ils s’emparèrent de l’idée. De protestation contre l’exploitation qu’elle était, ils en firent un jour de fête octroyé par les exploiteurs, se passant en déclamations, en pèlerinage vers les pouvoirs publics, afin de fournir à quelques-uns l’occasion de se mettre en tête des foules, de les diriger et de pérorer.

Sous leur influence néfaste, le mouvement a été étouffé. Et, même comme fête, n’a plus aucune vitalité. Peut-être, un jour, y aura-t-il moyen de le reprendre en son idée première.


Pour ce qui concerne la grève générale. Je ne sais s’ils reconnurent qu’il était impossible de dévoyer le mouvement ; en tous cas, dès l’abord, ils lui furent hostiles et en combattirent l’idée de toutes leurs forces.

Mais elle fut accueillie avec faveur par beaucoup de ceux qui, sincèrement, cherchaient à sortir de la société infecte qui nous enserre ; elle fit son chemin dans les milieux ouvriers, dans les groupes corporatifs et fut discutée dans les congrès.

Beaucoup de ceux — dont j’étais — qui, en premier, l’avaient accueillie avec indifférence, la jugeant impraticable, finirent par s’y rallier en la voyant faire son chemin, et se dessiner réalisable à bref délai.

Mais les événements se sont chargés de nous démontrer que la réalisation en était bien plus proche encore que nous pensions.

A la fin de l’année 98, à Paris, en six semaines, sans préparation aucune, sans entente, sans pré-