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peuvent guère présider à leur formation, pas plus qu’à leur fonctionnement.

La grosse masse étant réfractaire à nos idées, si nous lui proposions de former des syndicats devant s’occuper de 1 expropriation capitaliste, elle resterait tout aussi réfractaire que lorsque nous lui parlons de révolution.

Le gros de la foule va toujours à ceux qui lui promettent des réformes immédiates. Ses calculs ne vont pas au delà du temps présent. La moindre amélioration, même lorsque ses effets ne peuvent être que temporaires, la séduira beaucoup mieux que des progrès plus durables s’ils ne doivent s’accomplir que dans un avenir incertain.

Pour s’attirer les sympathies des foules, et les amener à la compréhension des idées qu’on leur soumet, il ne faut faire avec elles, ni finasseries, ni diplomatie compliquée.

Ne croyant pas que le fait d’obtenir des marchandises un peu meilleur marché que chez le détaillant, ou de gagner dix sous de plus par jour, soient un bien grand pas de fait vers l’affranchissement général et définitif, les anarchistes ne peuvent aller dire aux gens :

« Nous voulons la transformation sociale; les réformes que l’on vous préconise ne valent rien, mais puisque vous êtes trop bêtes pour le comprendre, et ce que nous voulons serait trop long à obtenir pour votre impatience, nous allons, pour vous amener à nous, faire semblant d’accepter ces réformes que nous jugeons ne rien valoir ».

En admettant qu’on lui farde un peu plus ce langage, la foule ne comprendrait rien à ces subti-