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loin qu’aux membres affiliés du groupe, plus loin qu’à la corporation. Mais la défaite leur a enseigné qu’il était trop tard déjà, que les patrons, eux aussi, savent s’unir pour la défense de leurs intérêts, et que dans la lutte à coups de millions, ce sont eux qui sont les maîtres.

Les faits sont venus leur apprendre que, dans la société actuelle, certains individus peuvent bien arriver à s’émanciper, mais qu’il est infime le nombre de ceux qui y réussissent; et, encore, que ce n’est qu’en montant sur le dos des autres, et, de plus, que cette émancipation est si instable qu’ils ne sont même pas assurés de la maintenir.

Ils auront appris, s’ils savent voir clair dans les événements, que cette possibilité d’émancipation, n’est, pour la majorité, qu’un leurre destiné à leur faire perdre de vue les véritables moyens d’émancipation, et à les maintenir indéfiniment dans l’esclavage, en leur faisant miroiter des espérances trompeuses.

Le travailleur ne peut s’émanciper que collectivement. Tant qu’il ne l’aura pas compris, la majorité des siens ne feront que le jeu d’une infime minorité d’intrigants.

Ils sont venus démontrer encore, les faits, que la véritable « utopie » était dans les revendications dites « pratiques »; que l’augmentation des salaires n’avait qu’une valeur momentanée dont les travailleurs ont raison de profiter au cours de la lutte, mais que là ne doivent pas se borner leurs revendications.

Que le véritable but à atteindre, c’est la suppression du salariat, de l’exploitation, la mise au service