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Il fut une époque où les socialistes bourgeois s’évertuèrent à présenter les chambres syndicales et les sociétés coopératives comme des panacées devant guérir tous les maux dont souffrent les travailleurs.

Mais les gens n’aiment pas à s’atteler à des besognes dont ils ne prévoient pas la fin. Cotiser pour des luttes probables, mais qui ne sont pas encore décidées, et peuvent n’avoir jamais lieu, n’est pas leur fort; aussi, en France, à part quelques exceptions, les chambres syndicales ne furent jamais qu’un noyau très infime dans leurs corporations, prenant quelque importance au moment d’une grève, mais désertées encore une fois, la lutte finie.

D’autre part, les statuts et règlements absurdes, arbitraires de ces organisations, les agissements, de la plupart de leurs organisateurs qui s’en étaient fait des fromages, ou espéraient en tirer des profits futurs, suaient tellement l’ambition mesquine, que beaucoup de travailleurs, cherchant leur émancipation en dehors des voies officielles, s’en écartèrent, convaincus de l’impuissance de ces organisations.

Dans ces parlements au petit pied, on étouffait la voix des indépendants ; à l’aide de grandes phrases et de mots sonores, on y enlevait le vote de majorités inconscientes. Sous prétexte que les syndicats ou les coopératives ne doivent pas s’occuper de politique, encore maintenant, on n’y laisse parler que les endormeurs qui, réprouvant les revendications sociales complètes, se font les défenseurs des mesures qui laissent intacte la prétention des possédants à exploiter les travailleurs.

On empêche d’y discuter les mesures énergiques