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lement préparés à la bienveillance et à la solidarité.

D’autre part, la plupart du temps, ces groupements d’individus se faisaient à la diable, au hasard des circonstances; les associés, pour la plupart, ne se connaissaient pas avant leur arrivée à la colonie.

Dans ces conditions, quelles que fussent leurs qualités, il était inévitable qu’aux premiers heurts des caractères, aux premières déceptions, des froissements se produisissent, et s’envenimassent par suite de la méconnaissance que l’on était les uns des autres.

De plus, il faut bien le reconnaître, beaucoup de ces colons étaient, le plus souvent, des camarades fatigués de la vie de propagande, las de l’exploitation et de l’oppression d’Europe, qui croyaient trouver leurs invalides dans le nouveau groupement.

Ils avaient espéré que, dans le nouveau monde, ils échapperaient à la tutelle gouvernementale, que la vie y était plus facile, plus calme, avec plus de repos, et furent tout dépaysés en se retrouvant aux prises avec les difficultés matérielles qu’ils n’avaient pas prévues et qu’entraînent le défrichement de pays neufs, l’éloignement de toute vie civilisée, le manque de capitaux.


Les déceptions de ceux qui étaient allés là-bas, pleins d’illusion arrêtèrent le courant d’émigration qui se dessinait; l’insuccès des tentatives de colonisation anarchiste empêcha d’éclore de nouveaux essais, un autre courant se dessina.