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s'amusent à le singer, à jouer aux soldats en livrant des batailles rangées, il est certain qu'il leur faudra adopter sa tactique, sa hiérarchie. Et la Commune de 71 nous est un exemple que, quelles que soient les forces dont on dispose, c'est se mettre en infériorité évidente que d'accepter la lutte en des conditions où la pratique les fait nos maîtres.

Il ne faut pas oublier non plus qu'une révolution n'est possible que lorsque les idées ayant plus ou moins contaminé tout le monde, elles sont pour ainsi dire dans l'air, où l'armée elle-même en est ébranlée, et n'offre plus l'état d'esprit qui en fait un instrument passif aux mains de ceux qui la mènent.

Et pour finir de les désorganiser, il s'agit moins d'user de stratégie que d'accomplir des faits qui achèvent de les troubler dans leur obéissance passive, en leur ouvrant les yeux sur un nouvel état de chose.

Chaque fois que les peuples ont voulu sérieusement résister à leurs envahisseurs, s'ils ont cherché à concentrer leurs forces en corps d'armées, c'est que, aveuglés par l'erreur du militarisme, ils ne croyaient qu'en l'efficacité des grandes batailles, mais ces concentrations de leurs forces militaires ne leur furent rendues possibles qu'après qu'ils eurent vaincu par une guerre de détail, acharnée, continue, de chaque jour.

Militairement, l'Espagne fut vaincue par Napoléon. Ses armées détruites, son gouvernements dispersé, son territoire envahi, partout l'ennemi maître de la situation.