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Ils se réservaient de prendre part aux élections ; mais il était convenu qu'ils ne se mêleraient jamais aux tripotages législatifs.

Dans le programme qui fut élaboré par Guesde, Deville, Labusquière, Marouck, et quelques autres, lorsque, à quelques camarades, nous organisâmes le groupe d'études des Ve et XIIIe arrondissements, il était stipulé qu'il ne serait présenté aux élections que des candidatures fictives ou inconstitutionnelles, pour donner l'occasion aux révolutionnaires de s'affirmer et de se compter ; mais que le parlementarisme n'étant qu'une façon bourgeoise de tromper le peuple, on n'y enverrait jamais aucun des nôtres.

En acceptant le suffrage universel, même qu'avec la seule intention de se compter, c'était le doigt mis dans l'engrenage, la main ne tarda pas à suivre, puis le bras, et le corps.

Guesde fit un certain voyage à Londres. Parti avec notre programme révolutionnaire, il l'y oublia, rapportant en échange le fameux «programme minimum». Les candidatures fictives étaient écartées pour faire place à de vrais candidats qui, à l'aide de ce nouveau programme devaient faire de l'agitation révolutionnaire (!) dans les réunions électorales d'abord, à la Chambre ensuite, si possible.

Oh ! l'on n'abandonnait pas la révolution comme cela ! En de «vigoureux» considérants, elle était affirmée comme la seule émancipatrice. Le minimum, — tout un salmigondis de réformes radicales, — n'était qu'un cheval de bataille pour pouvoir parler plus facilement aux électeurs.

C'était la théorie.

Mais en pratique, lorsqu'on fut en plein dans la