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le mieux dans la meilleure des sociétés possibles.

Il est vrai que les anarchistes se réclament de la révolution. Il est exact qu'ils affirment avoir constaté que l'ordre social actuel ne pouvait s'opérer pacifiquement ; qu'il faudrait, un jour ou l'autre, avoir recours à la force pour le détruire, et faire la place à un état meilleur.

Si, pour la plupart, ils subissent plus ou moins l'arbitraire social, il est encore vrai que toutes leurs sympathies vont à ceux qui se révoltent et résistent violemment à la violence, légale ou arbitraire, du capital et de l'autorité, et que leur volonté est de se libérer des entraves sociales.

Mais ce qui est vrai également, c'est que ce ne sont pas eux qui ont inventé la violence. Elle existait auparavant, puisque toutes nos sociétés modernes, tout l'ordre de choses actuel ne s'est établi et ne se maintient que par la violence.

Que quelqu'un, de part sa propre autorité, sans autre forme de procédure que sa force physique, me contraigne après s'être entendu avec des compères, après s'être déguisé pour la circonstance, appuyant sa volonté de textes que je repousse également, n'est-ce pas toujours l'arbitraire, et le gendarme qui, au fond, est la sanction efficace de l'arrêt, n'est-il pas la violence par conséquent ?

Certes, le gendarme serait impuissant à soutenir seul l'existence de l'état social présent. L'ignorance et l'erreur des masses est encore plus efficace, mais en ce cas particulier de ceux qui ont affranchi leur esprit, c'est le gendarme qui est la dernière raison.