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fois sur le raisonnement et sur l’expérience séculaire des époques du passé ; mais en aucun cas sur la copie des objets laissés par ces époques, comme on le fait si platement, si pauvrement, si pleutrement aujourd’hui.

Il faut que les artisans de nos jours se replacent dans l’état d’ignorance archéologique des ouvriers d’autrefois, qui regardaient les belles choses, mais ne les décalquaient pas. La tradition se perpétuait, modifiée à chaque génération.

Or, comme depuis la fin du dernier siècle il n’y a plus de tradition que nous puissions continuer et sur laquelle nous puissions nous appuyer, mieux vaut tout de suite nous rapprocher des origines raisonnées de l’Art, en prenant comme base de composition les nécessités constructives, et en adoptant une ornementation empruntée à la nature.

Seulement ces formes naturelles ne peuvent être employées que si elles sont modifiées de façon à s’adapter étroitement à la matière dans laquelle elles sont fabriquées. C’est en méconnaissant cette vérité si simple et si saine que tous les styles sont tombés en décadence ; car il s’est toujours trouvé des « malins » qui ont voulu faire plus nature qu’on ne faisait ; c’est pour cette raison que les modernes pataugent depuis si longtemps, sans savoir pourquoi ils sont frappés d’impuissance.

Depuis bien des années je me suis voué à la très intéressante tâche d’essayer ce retour à la source première, et j’ai tenté de communiquer mon espérance à de jeunes esprits non encore ankylosés aux stériles décalques du passé, mais qui savent, néanmoins, regarder, pleins de respect et avec fruit, ce qui fut la gloire des hommes.

Bien loin de prétendre au chef-d’œuvre, nous nous contenterons de montrer à l’industrie des exemples pratiques avant tout et une voie à suivre ; mais nous ne donnerons aucune relâche au prin-