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––––––––––De rester là,
––––––––––La, la, la, la !
––––Quand, à l’orchestre, armés d’une lorgnette.
––––On aperçoit de nombreux amateurs,
––––Il est fâcheux, pour peu qu’on soit coquette,
––––D’être aussi loin de ces admirateurs !
––––––––––Fuyons bien vite !
––––––––––Quittons mon gîte
––––––––––A l’Opéra !
––––––––––La, la, la, la,
––––––––––La pauvre muse
––––––––––Point ne s’amuse
––––––––––De rester là !
––––––Ah ! c’est vraiment, pour une muse,
––––––Un triste sort que celui-là !
L’ALLUMEUR, s’approchant.

Te voilà ! je te retrouve !

URANIE, effrayée.

Mon persécuteur ! (Au Printemps.) Ah ! monsieur, vous êtes gentilhomme, défendez-moi !

LE PRINTEMPS.

Vous défendre ! contre qui ?

URANIE.

Contre cet allumeur de gaz qui me poursuit de ses soupirs, de son amour.

LE PRINTEMPS.

Vraiment ?

URANIE.

Oui, monsieur ; chaque soir, en allumant son gaz, il fixe sur moi des regards brûlants, il passe en revue mes attraits, et ça m’embarrasse, ça me fait rougir.

LE PRINTEMPS.

Le fait est qu’avec ce costume… mythologique…

URANIE.

Tout à l’heure encore, il a osé me faire une déclaration… et, dans ma frayeur, je me suis enfuie…

L’ALLUMEUR.

Vous avez quitté votre plafond.

LE PRINTEMPS.

Une muse en rupture de plafond !

L’ALLUMEUR.

Si le directeur savait ça, il me flanquerait à l’amende. (A Uranie.) Voyons, venez, remontez !

URANIE.

Pour être encore obsédée par vous ? jamais !