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QUAND VIENT LA GLOIRE

tinée électorale de M. Jean-François-Claude Perrin allait se jouer au jeu du scrutin. Il s’agissait de vaincre ou de mourir ; de rester l’une des unités inscrites au grand livre des vingt-cinq mille adresses, ou d’être député ; de n’être rien ou d’être tout.

Tandis que, pour la vingtième fois, il supputait les listes électorales, marquant à l’encre rouge les noms douteux, un domestique vint lui annoncer à voix basse, en homme qui comprenait toute la gravité des circonstances, que M. Dumolard, son associé, et deux messieurs demandaient à lui parler.

— Mais qu’ils entrent donc ! s’écria le candidat en s’avançant vers la porte. Eh ! c’est mon fidèle Achate, avec Buisson et ce cher Coustou, mes deux appuis dans le collége ! Est-ce à vous à vous faire annoncer ? Je croyais que ma maison était la vôtre.

— Excellent Perrin ! répondit Dumolard ; toujours le même ! Ah ! çà, mon cher associé, vous savez que c’est aujourd’hui que nous triomphons. Je viens de voir nos amis, j’ai réchauffé leur zèle ; nos chances sont excellentes ce matin.

— Les voix portées hier sur M. Bagou se porteront aujourd’hui sur vous, dit M. Coustou.

— Et vous serez nommé à une imposante majorité, s’écria M. Buisson.

— C’est à vous que je devrai mon mandat, dit alors M. Jean-François Perrin en serrant la main à ses amis.

En ce moment, madame Perrin entra chez son mari ; elle était suivie de mademoiselle Alphonsine Perrin, leur unique héritière.