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CHAQUE OISEAU

elle pas la plus jolie comme la plus sage des filles de l’endroit ? Que de belles promesses, que de galants propos le maître du château a perdus en causant avec elle ! Colette est fiancée à Colin, elle ne veut pas d’autre mari que lui. En un tour de main sa toilette est achevée ; vermeille comme l’Aurore, elle paraît un instant, pour respirer la brise sans doute ; mais non, une autre croisée est ouverte depuis longtemps en face de la sienne. C’est le fiancé qui épie le réveil de la fiancée ; enfin elle se montre. — Bonjour, Colette ! — Bonjour, Colin !

Le village a pris un air de travail et d’activité ; tout le monde en passant salue Colette ; le bouvier pique ses bœufs indolents, les faneuses se dirigent en chantant vers le pré, Colin conduit son blond troupeau en jouant de la musette.

Où vont ces deux moineaux tenant chacun un brin de paille dans leur bec ? Ils se posent dans une fente de mur, juste à côté de la fenêtre où Colette vient de suspendre une cage habitée par deux fauvettes.

Colette a mis tout en ordre chez elle. Frais réduit de la villageoise, comme vous êtes propre, comme vous êtes gai ! Elle-même, comme elle est heureuse en regardant son rouet, son vase de fleurs, son crucifix, et quelquefois aussi le miroir dans lequel se reflètent ses traits naïfs !

Pendant que Colette travaille et file sa laine, l’abeille butine sur le vase de fleurs, les fauvettes chantent dans leur cage, et les moineaux babillent sur le mur. Le ménage ailé s’est placé sur le rebord de sa demeure et semble appeler ses voisins ; les fauvettes avancent la tête hors de leurs barreaux, comme pour se prêter de meilleure grâce à la conversation. Que se disent-ils entre eux ?