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LA FIN COURONNE L’ŒUVRE.

complétement inadmissible. Je suis loin de mépriser les proverbes sanscrits, j’accorde aux proverbes persans toute l’estime qu’ils méritent ; mais avec votre système nous n’en finirions pas, à moins d’un gros volume de plus ; car enfin le proverbe japonais a bien aussi son charme ; le proverbe malais ne le cède en rien à celui-ci, et le proverbe arabe les vaut bien tous deux. Le Lapon assis devant son feu de tourbe invente des proverbes délicieux ; le Huron charme les ennuis du wigwam en résumant la sagesse dans des proverbes spirituels ; le Hottentot lui-même et le Yolof apprennent dès leur bas âge à se bien conduire, grâce à des proverbes qui, pour être faits à l’usage des enfants, n’en sont pas moins goûtés des grandes personnes. Tous les proverbes sont égaux devant le bon sens :

Ce n’est point la naissance,
Mais la seule vertu qui fait leur différence.


Chaque proverbe est prophète en son pays. Vous parlez de lacunes, mais à quoi bon chausser les bottes de sept lieues pour en trouver ? ne prenez pas la peine de franchir l’océan ; restez chez vous ; jetez les yeux sur ces feuilles éparses ; votre collection est-elle complète ? aucune gerbe ne manque-t-elle à votre moisson ? Je ne vous parle ni de la Perse, ni de l’Indostan, ni de l’Afrique, ni de l’Amérique, mais de la France seulement. Pensez-vous avoir épuisé toutes les maximes de la sagesse populaire ? Que de recoins inexplorés ! que de proverbes oubliés !

« Couche-toi sans souper, tu te lèveras sans dettes : » précepte d’Harpagon prêchant l’économie.