Page:Grandville - Cent Proverbes, 1845.djvu/471

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
367
UN BARBIER RASE L’AUTRE.

La Chicharona, indécise. — Mais Don Ramon lui même avait l’air de dire…

Figaro. — Ah ! Don Ramon avait cet air-là… Je vous plains, Chicharona. Don Ramon trame quelque perfidie : il cherche à détourner vos soupçons.

La Chicharona. — Vraiment ! si je le croyais !… Au surplus, je le saurai bientôt.

(Elle sort en courant.)

Figaro, riant aux éclats. — Gare à toi, Don Ramon, et pare cette botte. (À la Colindrès) : Vous pouvez sortir, Madame, la tempête est déjà loin.

La Colindrès, encore toute émue. — Seigneur Figaro, je vous dois l’honneur, et peut-être la vie… Un esclandre public… une marque ignominieuse… Oh ! dites-moi, ne puis-je rien pour m’acquitter ?

Figaro. — Si fait, certes. (À voix basse) : Cette nuit, chez vous…

La Colindrès, offensée. — Que signifie…

Figaro, souriant. — Non, vous vous trompez ; je sais fort bien que je ne suis pas Don Ramon… Cette nuit, chez vous, disais-je, il faudra donner asile, pour quelques heures seulement, et dans le plus grand secret, à une jeune fugitive que je protége.

La Colindrès, étonnée. — Mais vraiment, Figaro, j’ignore… si…

Figaro. — Vous oubliez que sans moi, tout à l’heure…

La Colindrès, vivement. — Non, non… Je veux, je dois me montrer reconnaissante… À cette nuit donc.

Figaro. — Jusque là, motus !

(Elle sort. — Après un instant l’alcade parait au bout de la rue.)