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MURAILLE BLANCHE,


JOURNÉE DEUXIÈME
Chez dona Séraphine. —


Dona Séraphine. — Ainsi vous n’irez pas ce soir au sarao.

Don Manrique. — Vous y serez, astre de ma vie ?

Dona Séraphine. — Je n’y saurais manquer ; je l’ai promis à quelqu’un.

Don Manrique. — À quelqu’un ? malgré moi je tremble, et mon cœur souffre. À quelqu’un, dites-vous, dona Séraphine ? Et quelle est, s’il vous plaît, cette personne ?

Dona Séraphine. — Que vous importe ?… c’est mon secret.

Don Manrique. — Si je vous demande de me la nommer, me refuserez-vous donc, Séraphine ?

Dona Séraphine. — Me direz-vous, si je vous le demande, pourquoi vous n’allez pas ce soir au sarao ?

Don Manrique. — Je ne le puis sans manquer à l’honneur : c’est un secret qui n’est pas le mien.

Dona Séraphine. — À votre aise, Manrique ; ce n’est pas non plus mon secret que le nom de vos rivaux.

Don Manrique. — Vous l’avouez donc… Il serait vrai ?… Séraphine, je veux savoir le nom de cet homme.

Dona Séraphine. — Je veux, Manrique, savoir qui vous occupe cette nuit ?

Don Manrique. — Ô tyrannie sans bornes ! ô lâcheté d’un cœur esclave !… Eh bien ! sachez-le donc, despotique arbitre de mon sort. Ma nuit est consacrée à faire sortir de