Page:Grandville - Cent Proverbes, 1845.djvu/294

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
224
QUI QUITTE SA PLACE

Anselme. — Une simple égratignure que j’ai reçue de cet officier qui voulait danser par force avec vous. Mais ce ne sera rien, et je viens vous offrir mon autre bras pour vous conduire au théâtre où jouent les acteurs français.

Dorothée, à part. — Que faire ? Si je reste à la maison pour regretter celui-là, celui-ci aura raison de se plaindre. En définitive, c’est pour son plaisir que Stenn s’est tué, tandis que c’est pour moi qu’Anselme a exposé sa vie. Haut Partons, M. Anselme.


ACTE QUATRIEME.


Stenn. — Me voilà de retour. J’étais fou de croire qu’elle allait accourir auprès de moi ; elle ne pouvait raisonnablement braver à ce point les convenances ; son père en serait mort de chagrin. N’importe ! le coup est porté ; j’ai enfoncé l’amour dans son cœur avec la douleur. Quel effet je vais produire tout à l’heure, lorsque je lui dirai : « Mon adorée, le désir de te revoir m’a fait vivre, c’est ta main qui m’a ramené des portes du tombeau ! » Elle me répondra : « Ô ciel ! n’est-ce point un songe ? C’est lui ! » Elle tombera dans mes bras, et dans huit jours elle sera madame Stenn. Pour se tirer d’affaire dans ce monde, il suffit d’un peu d’imagination. Une troupe de musiciens traverse la place en chantant. Où vont donc tous ces musiciens ?

Le Chœur. — Ils vont jouer une sérénade sous les fenêtres de la belle Dorothée, la fille du riche marchand Liebmann, qui se marie aujourd’hui.

Stenn. — Avec qui ?

Le CHŒUR. — Avec l’étudiant Anselme.