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LES CONSEILS DE L’ENNUI

Vers le soir, M. Brémond et son ami M. Bruneau revinrent à la maison de la rue Saint-Honoré. Dix commissionnaires les suivaient, chargés de caisses et de cartons.

— Madame Brémond ? demanda M. Brémond à la camériste.

— Madame n’est pas rentrée ; mais voici deux lettres pour vous.

— L’écriture de mon ami Deschamps ! À quelle heure est-il arrivé ?

— Monsieur, il est parti à quatre heures.

— Parti ! qu’est-ce à dire ?

— Lis, et tu le sauras, fit observer M. Bruneau. M. Brémond ouvrit précipitamment la lettre.


« Mon cher correspondant,

« Je retourne à Elbeuf. Votre femme est peut-être charmante, mais elle n’a pas voulu se donner la peine de me le prouver. Je ne veux pas être pour elle un sujet de contrariété ; et, pour lui épargner l’ennui d’une présence trop assidue, je renonce pour mon fils à l’honneur d’entrer dans votre famille. Comptez toujours néanmoins sur mon amitié et mon crédit. »

« Christophe Deschamps »


— À l’autre, dit M. Brémond ; et une seconde fois il rompit le cachet.


« Mon cher Monsieur,

« Madame Ducornet a vainement attendu madame Brémond toute l’après-midi ; je regrette infiniment que son absence ne m’ait pas permis de faire pour vous ce dont j’avais cru pouvoir vous donner l’espérance ; mais, vous le savez, une lettre était indispensable, et cette lettre que je devais soumettre à M. le ministre, je ne l’ai pas reçue. Dans la pensée que peut-être vous aviez renoncé à solliciter la fourniture, j’ai dû présenter un autre soumissionnaire, et S. E. vient de signer le traité.