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SPINOLA SPINOZA

meurt l’année suivante. — De liait ista élu en 1531 jusqu’à Ferdinando (1773), la famille Spinola donna •11 doges à Gènes et 43 cardinaux. La famille existe encore. E, Casanova.

Ribi.. : M. Deza, Storia délia famiglia Spinola. — Siret, Ambroise Spinola ; 2* éd., Namur, 1S55. — Rodrigue/. Villa, Ambrosio Spuuiln ; Madrid, 1893.

SPINOLA (Christoph Hojas dk), prêtre du xvn e siècle, originaire d’Espagne, mort en 1693, auteur d’un projet d’union religieuse entre catholiques et protestants. Entré dans l’ordre des franciscains, il devint en 1683 confesseur de l’impératrice d’Autriche et, en 1686, évèi|ue de Wiener-Neustadt. Pour tenter de réaliser son plan d’union, il visita la plupart des Etats d’Allemagne (1676 et 1682) et ne trouva d’appui qu’auprès de la cour de Hanovre ; le philosophe Leibniz et l’abbé Molanus entrèrent en relations et soutinrent avec lui de sérieuses discussions en 1683. Spinola a exposé ses idées dans Regulœ circa christianomm omnium ecclesiasticam reunionem ; il y énumère les concessions réciproques que doivent se faire les catholiques et les protestants. Bossuetse déclara contre ce projet, tandis qu’Innocent XI ne se montrait pas éloigné de l’adopter. Mais la mort de Spinola fit tomber ce projet d’union en même temps que son propagateur aussi actif que profondément religieux. SPINOZA (Baruch), célèbre philosophe, né à Amsterdam le 24 nov. 1632. mort à la Haye le 23 févr. 1677. Appartenante une famille juive d’origine méridionale, il fut élevé par les rabbins dans l’étude de l’Ancien Testament et du Talmud. D’assez bonne heure son esprit secoua le joug de la scolastique juive, et, pour avoir émis des doutes sur l’authenticité des textes consacrés, il fut solennellement excommunié delà synagogue. Il avait vingt-quatre ans, il était initié à la civilisation de son temps, en particulier à la philosophie de Descartes ; il se retira pour méditer, d’abord aux environs de La Haye (Rhinsburg, de 1656 à 1663 ; Voorburg,del663 à 1669), puis àLaHaye, gagnant le peu qui lui suffisait à vivre en préparant des verres pour les microscopes ; il y mourut phtisique. Il avait écrit un Court Traite de Dieu, de l’Homme et de sa Béatitude, première esquisse de sa « philosophie ». qu’il rédigea plus tard sous forme géométrique et à laquelle il donna le nom définitif de morale : Ethica ; ces deux ouvrages furent communiqués en manuscrit à de rares initiés qui formèrent autour de Spinoza un collège de disciples fidèles. Spinoza ne publia lui-même que deux ouvrages : 1° un écrit de circonstance, composé eu quinze jours pour l’éducation d’un jeune homme (Les deux premières parties des Principes de Descartes démontrées géométriquement) : paru en 1663, par les soins de Louis Meyer, qui fit à Spinoza une solide réputation dans le monde des philosophes, et lui valut en 1673 l’offre d’une chaire à l’Université de Heidelberg, qu’il déclina pour ne pas compromettre la tranquillité de sa vie et le progrès de sa méditation solitaire ; 2° en 1670, le Traité de théologie et de politii /ue, où il expose les principes du christianisme rationnel et du libéralisme politique, qui suscita dans les diverses Eglises chrétiennes des attaques de la dernière violence et lui fit ajourner la publication de VEthique, Au moment de sa mort, il travaillait à une traduction hollandaise de l’Ancien Testament, à une Grammaire hébreue, à un Traité politique, à un écrit sur la Réforme de T Entendement ; il songeait à un ouvrage sur le mouvement qui devait contenir une réfutation de la physique cartésienne. Sa vie fut celle d’un philosophe : il l’a définie lui-même dans une lettre de 1663 sur la guerre d’Angleterre : « Si le célèbre railleur (Démocrite) vivait de notre temps, il en mourrait de rire. Moi, pourtant, ces troubles ne me poussent ni à rire ni à pleurer, mais à philosopher et à mieux observer la nature humaine. Que ceux qui le veulent meurent pour leur bien, pourvu qu’il me soit permis de vivre pour la vérité ». Une seule fois, on le vit se départir de ce calme ; le massacre des Wilt le fit pleurer. et il racontait plus tard à Leibniz « qu’il avait été porté de sortir la nuit et d’afficher quelque part proche du lieu (des massacres) un papier où il y aurait : ultimi barbaroruni !

Mais son hôte lui avait fermé la porte pour l’empêcher 

de sortir, car il se serait exposé à être déchiré ». Quant à l’impression produite par Spinoza sur ses contemporains, elle est notée avec exactitude par Saint-Evremond : « Il avait, dit-il à Des Maizeaux, la taille médiocre et la physionomie agréable. Son savoir, sa modestie et son désintéressement le faisaient estimer et rechercher de toutes les personnes d’esprit qui se trouvaient à La Haye. Il ne paraissait point dans ses conversations qu’il eût les sentiments qu’on a ensuite trouvés dans ses OEuvres posthumes. Il admettait un être distinct de la matière qui avait opéré les miracles par des voies naturelles, et qui avait ordonné la Religion pour faire observer la justice et la charité, et pour exiger l’obéissance ». Les origines du simnozis.me. — Il n’est pas douteux que la pensée de Spinoza ait été formée par les philosophes juifs du moyen âge, les Moïse Maimonide et les Chesdaï Crescas ; lui-même rappelle ce qu’il doit « aux anciens Hébreux » : le sentiment que Dieu enferme en lui l’immensité et la totalité de l’être, qu’il est à une distance infinie de l’homme, incomparable et ineffable, le sentiment surtout que la vie véritable de l’homme est en Dieu, que sa raison d’être est le lien d’amour qui le fait participer à la perfection divine. A quoi il convient d’ajouter que les philosophes juifs n’ont pas agi seulement par leur doctrine particulière , ils ont été les premiers éducateurs de Spinoza, ils l’ont initié à la spéculation de l’antiquité, et c’est par eux que Spinoza se rattache à la tradition de la métaphysique panthéiste, en particulier à l’alexandrinisme ; il connut par eux le but suprême de sa philosophie, qui est de poser l’unité absolue. Lorsqu’il s’est affranchi d’une discipline surannée, l’inspiration religieuse demeure profondément en lui. Le cartésianisme lui offre une méthode nouvelle, la vraie méthode puisqu’elle est fondée sur le libre développement de l’activité spirituelle et qu’elle aboutit à la connaissance exacte des lois de la nature. Il demande à la méthode cartésienne si elle permet de retrouver cette unité absolue qui est l’idée essentielle et comme le ressort de sa pensée et de sa vie, et il l’accepte parce qu’en écartant de la pensée divine toute obscurité, tout mystère, tout obstacle spirituel, elle fournit une base solide à la restauration religieuse. Le mécanisme cartésien établit la continuité dans l’univers : il n’y a pas de vide, tout mouvement qui se produit dans un corps déterminé est lié au mouvement des autres corps, et la répercussion en est instantanée ; au fond il n’y a qu’un mouvement pour l’univers, et chaque mouvement particulier est un fragment de ce mouvement total. Mais cette solidarité dont Descartes a montré la nécessité dans l’espace, il la nie dans le temps ; les moments du temps sont discontinus, à chaque instant le monde est menacé de périr, il n’est conservé que par la volonté libre, essentiellement indifférente, d’un Dieu extérieur au monde. Cette étrange qualité correspond à une conception partielle et mutilée du mouvement. Le mouvement n’est pas seulement le passage d’un endroit à un autre, il est aussi le passage d’un moment à un autre ; il est indivisiblement ces deux passages et il est impossible qu’il y ait là nécessité et contingence ici. La continuité, qui existe entre les différentes parties de l’espace, existe aussi entre les différentes parties du temps. Dès lors l’univers trouve en soi la raison de son développement, sans avoir jamais à requérir l’intervention, ou le concours continué, d’un être étranger. — La pensée semble éliminée de l’univers, mais c’est en tant qu’elle serait extérieure à l’univers ; suivant le mécanisme cartésien, l’enchaînement des mouvements reproduit l’enchaînement des idées ; c’est la nécessité de l’évidence qui nous explique la nécessité delà nature. La géométrie et la physique seconstituent par unsystèmed’équations,c.-à-d.