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SONNERAT — SONNET

autre éd.. 1806, 4 vol. m-8 avec atlas ; supplément, Amsterdam, 1785, in-8). D r L. Un.

SONN ERATIA (Sonneratia L. f.)(Bot.). Genre de Myrtacées-Barringtoniées, dont les représentants sont cinq ou six arbres ou arbustes à port et à feuillage de Mangher, des régions tropicales de l’ancien monde ; calice à 4-8 lobes, pétales 4-8 ou absents ; étamines en nombre indéfini ; fruit charnu, pluriloculaire. On a eu tort de reporter ces plantes aux Rhizophora (V.Mànglier). L’espèce type, .s’, acida L. f. (Rhizophora caseotaris L.), le Blottéàe tUheede, est répandu aux Moluques, aux Indes orienlales, etc., sur le littoral maritime. Le suc sert à traiter es aphtes, les angines, etc. ; les feuilles servent d’épiées et le fruit de condiment ; sa pulpe a été comparée à une sorte de fromage. D r L. Un.

SONNERIE.Y Technoi.ogik (V. Horlogerie^.

II. Liturgie (V. Cloche, t. XI. p. 694-95). III. Art militaire. — Les sonneries les plus usitées sont, outre les marches et les défilés : le réveil, la diane ou réveil en campagne, l’assemblée ou rassemblement, la corvée de quartier, la soupe, la distribution. la visite des malades, le rappel, le rappel aux tambours et clairons, l’école, la berloque, au piquet, aux hommes punis, à l’ordre, aux adjudants (5 coups de langue), aux sergents (3 coups de langue), aux fourriers (2 coups de langue), aux caporaux (1 coup de langue), au pas gymnastique, la retraite, l’extinction des feux, le garde à vous, la générale, le ban, aux champs, au drapeau, commence/. le feu, cessez le feu, en avant, en retraite, à droite, à gauche, en tirailleurs, cavalerie signalée sur le flanc droit, sur le flanc gauche, en avant ou en arrière, la charge. Il y a, d’autre part, des sonneries spéciales à la cavalerie, comme, par exemple, le boute-selle, le pansage ; en outre, les principaux mouvements y sont, ainsi que dans l’artillerie, et ce, à raison du bruit des chevaux et des caissons, commandés par des sonneries. Toutes les sonneries sont précédées du « refrain » particulier au régiment (les premières mesures de sa « marche ». en général), ce qui permet aux officiers et aux hommes, dans les rassemblements de troupes, de distinguer à quel corps la sonnerie s’adresse. Chaque brigade, chaque division, chaque corps d’armée a aussi son refrain. Dans le voisinage de l’ennemi, on s’abstient le plus possible de sonneries, et les commandements qui ne peuvent être faits à la voix le sont au sifflet. SONN ET. PoJme à forme fixe, composé de quatorze vers répartis en deux quatrains et deux tercets. Les deux quatrains sont construits seulement sur deux rimes : les tercets, au contraire, en comportent trois. Dans le sonnet régulier, les rimes sont placées selon un ordre strict que nous pouvons déterminer par le schème suivant ABBA, ABBA, CCD, EDE. Hâtons-nous d’ajouter que les poètes ne se sont pas toujours astreints à ces règles rigoureuses. Si la disposition des rimes dans les quatrains, deux rimes plates encadrées entre deux rimes de genre différent, se trouve généralement observée chez les maîtres classiques du sonnet, tous autorisent par leur exemple les combinaisons les plus variées dans les tercets. Une licence plus grave, mais dont on trouve plus d’un exemple, consiste à construire les tercets sur deux rimes seulement. On peut constater aussi bien des irrégularités dans les quatrains : souvent ce sont des rimes croisées qui se substituent à la combinaison classique : d’autres fois on rencontre les rimes croisées dans le premier quatrain et la disposition régulière dans le second, et vice versa. Certains sonnets irréguliers présentent même des quatrains construits sur quatre rimes différentes. Signalons encore quelques combinaisons imaginées par les maîtres du genre pour assouplir la forme rigide du sonnet et varier son rythme et son harmonie. Chez du Bellay, chez Baïf, on trouve des quatrains à rimes complètement féminines suivis de tercets à rimes toutes masculines, et des sonnets à rimes entièrement féminines. Ces derniers ont un rythme souple et glissant du plus heureux effet. Disons maintenant quelques GRANDE encyclopédie. — X.

mots des origines du sonnet et de sa place dans l’histoire littéraire.

Sur la foi du nom, on a longtemps attribué à la poésie provençale l’invention de cette forme métrique : mais dans la langue des troubadours le mot son ou sonnet désignait toute espèce de pièce lyrique accompagnée d’instruments de musique. On s’accorde aujourd’hui à reconnaître que le sonnet est d’origine italienne. Pétrarque en fut-il l’inventeur comme certains l’ont cru ? Il semble plutôt que le sonnet soit né en Sicile dans le courant du xin" siècle, et que Pétrarque lui ait simplement donné ses titres littéraires. Dans un sonnet célèbre sur le sonnet, Sainte-Beuve a écrit par erreur que du Bellay nous l’avait rapporté de Florence. En réalité, c’est Melin de Saint-Gelais qui, le premier, l’introduisit en France, vers 1 5 47 , à moins peut-être que Marot lui-même ne l’ait importé d’Italie. La Pléiade accueillit avec faveur ce petit poème d’un modèle nouveau, et dès lors le sonnet prend une importance de premier ordre dans la poésie du xvi e siècle. Ronsard, à l’exemple de Pétrarque, en fait d’une façon presque exclusive l’expression lyrique des sentiments de l’amour ; du Bellay, dans ses Regrets, l’habitue à rendre de nouvelles idées, des émotions nuancées et variées ; parfois il lui donne l’énergie de la satire : après eux, tous les ronsardisants ne cesseront d’écrire des sonnets amoureux, ou se trahit toujours l’imitation italienne. D’ailleurs, à la même époque, le pétrarquisme se répandait dans les autres pays, notamment en Angleterre, où il inspirait les Sonnets de Shakespeare. La vogue du sonnet se continue au xvn e siècle : un moment combattue par Malherbe , elle en est à peine ébranlée. Un disciple même de Malherbe, Maynard, publie des sonnets vantés plus tard par Boileau ; citons encore parmi les sonnets les plus admirés de cette époque ceux deGombauld, de Malleville, de Voiture, de Benserade. Quelques-uns de ces petits poèmes étaient accueillis avec un succès incroyable : l’histoire littéraire n’a pas oublié les discussions infinies et passionnées qui s’engagèrent dans les salons oli se réunissait la société polie sur les mérites comparés des deux sonnets de Job et à’ Uranie, ou de ceux encore de lu Belle Matineuse. C’est que le sonnet est la forme préférée par où se traduit l’esprit précieux, celle où se révèle le mieux ce qu’on pourrait appeler le style Louis XIII en littérature. Les exigences mêmes du genre, souci de la perfection, prédominance de la forme sur l’idée, recherche du trait, correspondaient aux tendances de la préciosité. Dès la seconde moitié du xvii e siècle, le sonnet partage la défaveur où était tombé l’esprit précieux. Le xvm e siècle ne le releva pas de ce discrédit. Le genre semble à peu près disparaitre.il revit au contraire avec le romantisme : c’est aux noms d’abord de Sainte-Beuve, puis de Musset, que l’on peut rattacher cette renaissance du sonnet en France. Plus nombreux encore sont les sonnettistes parmi les poètes de la deuxième génération romantique et ceux qu’on a appelés les parnassiens. Baudelaire inséra dans ses Fleurs du mal un certain nombre de sonnets irréguliers de forme, mais qui sont peut-être les plus originaux, les plus pénétrés de lyrisme que nous ayons dans notre littérature. D’un art tout différent procèdent les sonnets philosophiques de Sully-Prudhomme, si pleins, si chargés dépensée, et les sonnets éclatants et plastiques de J.-M. de Hérédia, où revit dans une forme parfaite tout le pittoresquedes civilisations disparues. On a dit souvent que le sonnet tenait une place excessive dans l’histoire de la poésie, notamment de la poésie française ; on a signalé le défaut essentiel de cette forme métrique, qui est de comprimer en un cadre étroit l’inspiration lyrique, de briser l’essor du sentiment et de l’idée ; on lui reproche d’osciller de la mignardise à la recherche et à la subtilité. D’autre part, l’histoire du sonnet nous a montré que les époques ou il fut le plus en honneur coïncident avec celles ou la poésie eut surtout le culte de la forme et le souci de l’art. Il ne faut donc pas médire d’un genre qui, plus que tout autre, a sa rai- 18