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LA GRANDE ENCYCLOPÉDIE

S SIGILLATEUR (Antiq. rom.). Fabricant de sigilla ou statuettes en argile (lat. sigillator ou sigillarius). Les artisans de cette catégorie étaient nombreux à Rome, où il y avait un marché aux figurines, et où l’on célébrait une fête des statuettes.

SIGILLOGRAPHIE ou SPHRAGISTIQUE. Science auxiliaire de l’histoire, qui a pour objet l’étude des diverses marques apposées, comme signes authentiques ou personnels, aux actes publics et privés. L’usage des sceaux est constaté chez les Assyriens, qui se servaient de cylindres en pierres précieuses (V. Cylindre, § Archéologie assyrienne, t. XIII, p. 696), chez les Hébreux (V. Palestine, t. XXV, p. 874), chez les Egyptiens, chez les races anciennes de l’Asie (V. Sceaux hittites, dans Rev. archéologique, 1882, p. 333), etc. Vanneau et le cachet se retrouvent parmi les formes les plus anciennes du sceau. Chez les Grecs, atppayi ; désignait le chaton de la bague (V. la fig. de cet article, t. IV, p. 1161), et (ioJXXa s’appliquait à l’empreinte. Les Romains donnèrent indifféremment à l’empreinte et à la matrice les noms de sigillum et de huila. En ancien français, huiler signifiait sceller.

— Comme partie de l’érudition historique, la sigillographie neremonteguèreau delà des bénédictins du xvn c siècle. Les premiers collectionneurs apparaissent au xviu e siècle : des sceaux iigurent dans les dessins réunis par Gaignières. En ancien officier de l’armée royale, Desmarets, forma une collection de dessins d’environ quatre mille sceaux, dont la publication fut empêchée par la Révolution. Un recueil partiel fut édité par De Migieu (liecueil des sceaux du moyen âge dits sceaux gothiques ; Paris, 1779, in-4). Les collections de moulages du musée de la Monnaie (1832) et des Archives nationales (1842-63) donnèrent une grandeimpulsion aux étudessigillographiquesauxix siècle. Les principales archives et bibliothèques des différentspays possèdent des musées de moulages.

I. Classification sigilloc.rapmique. — La classification la plus utile au point de vue des études historiques est celle qui range les sceaux suivant les personnes ou les institutions dont ils émanent. C’est la classification adoptée au musée sigillographique des Archives nationales à Paris, et suivie dans le § II du présent article. Classés ainsi suivant un groupement qui correspond au fonctionnement même des institutions du moyen âge, les sceaux acquièrent toute leur valeur pour tous les genres de recherches historiques dans lesquelles ils peuvent è.tre mis à contribution. Ils peuvent servir à compléter des noms, à combler des lacunes dans les listes chronologiques, à préciser des GRANDE ENCYCLOPÉDIE. — XXX.

dates, à définir la nature de certaines institutions locales ou même à mieux fixer les attributions d’institutions déjà connues. On trouvera un intéressant exemple de l’utilisation des sceaux dans l’inventaire fait par Demay pour la collection Clairambault de la Ribl. nat. (Exposé chronologique sommaire, dans le t. II, pp. 331-376). — Au lieu de prendre comme base les institutions, un sigillographe éminent d’Allemagne, le prince de Hobenlohe-Waldenburg, a inventé un système de classification des sceaux d’après les types ou effigies : I. Sceaux à légendes : A. Avec le nom du propriétaire ; R. Sans le nom du propriétaire. — IL Sceaux à sujets : A. Sans noms ; R. Avec noms. — III. Sceaux à portraits : A. Sans armoiries (1° tète ou mi-corps ; 2° en pied [debout ; assis ; à genouxj ; 3° à cheval) ; R. Avec armoiries (1° tète ou mi-corps ; 2° en pied [debout ; assis ; à genoux] ; 3° à cheval). — IV. Sceaux héraldiques : A. Avec armoiries (1° dans le champ du sceau ; 2° dans un écu ou une bannière) ; R. Avec casques ou cimiers (1° dans le champ du sceau ; 2° dans un écu) ; C. Avec armoiries, casques et cimiers. — La classification par types ou effigies est susceptible à son tour d’être répartie en un certain nombre de subdivisions (musée des Archiv. nation, et musée du Trocadéro) : Type de majesté (fig. 1-5, etc.) ; Type équestre (fig. 10) ; Type armoriai (tîg. 9) ; Type personnel aux femmes (fig. 6 et 7) ; Type ecclésiastique (fig. 11) ; Type hagiographique (fig. 16) ; Type légendaire (fig. 14) ; Type collectif (fig. 14) ; Type topographique ; Type monumental (fig. 12) ; Type naval (tig. 13) ; Type arbitraire (objets usuels, etc.). II. Types des sceaux. — Les types sont, dans les sceaux, ce que les effigies sont dans la numismatique. Mais, tandis que les effigies des monnaies et même celles des médailles sont relativement peu variées (V. Monnaie), les sceaux présentent une variété presque infinie de sujets représentés dans le champ de l’empreinte. Le musée des moulages des Archives nationales contient une collection de plus de 10.000 spécimens de sceaux, classés d’après les subdivisions suivantes, en combinant dans chaque section l’ordre chronologique et l’ordre alphabétique.

Sceaux royaux. Les Mérovingiens sont représentés à mi-corps, avec une tète chevelue. Sous les Carolingiens, le type se perfectionne, comme dans le sceau de Charles le Chauve (V. fig. de l’art. Bulle, t. VIII, p. 414). Avec les Capétiens, apparait le type de majesté, représentant le roi sur le trône (fig. 1-5). Les Carolingiens ont souvent fait usage d’intailles ou pierres gravées antiques, I