Page:Grande Encyclopédie I.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ii
PRÉFACE

Reprenant en particulier la tradition des encyclopédistes du siècle dernier, elle réserve à la description et à la représentation des machines-outils la place qui leur revient en raison du rôle que jouent ces instruments de travail dans notre société industrielle.

***


Le mot d’encyclopédie (Έγκυκλιοζ παιδεια) remonte à l’antiquité, Quintilien s’en est servi ; - la chose est moderne. Chez les Grecs et chez les Romains le mot signifiait l’ensemble des connaissances que tout homme instruit devait posséder.

C’est tantôt à LEUCIPPE, maître de Démocrite, tantôt à DÉMOCRITE lui-même, qu’on fait remonter le premier ouvrage encyclopédique.

Mais il y eut un homme qui, s’il ne fit pas une encyclopédie au sens moderne du mot, eut du moins l’esprit encyclopédique : c’est d’Aristote que nous voulons parler. Sa vaste intelligence embrassa toutes les branches des connaissances humaines cultivées de son temps, métaphysique, sciences naturelles, géométrie, politique. On peut dire que rien de ce que savait alors l’humanité ne lui fut étranger.

VARRON, dans l’ensemble de son oeuvre, PLINE L’ANCIEN, dans son Histoire naturelle, ont fait des encyclopédies au sens ancien du mot.

C’est encore dans ce sens que les collections de STOBÉE, les Origines d’ISIDORE et les 22 livres De universo de RABAN MAUR sont des encyclopédies. Mais le plan, la connexion des sciences entre elles et des arts avec les sciences, la classification enfin, qui sont, comme nous le verrons plus loin, le trait distinctif des encyclopédies, font absolument défaut dans ces ouvrages ; ce sont bien plutôt des recueils généraux des sciences et des arts alors connus, que des encyclopédies telles que nous les comprenons.

Un premier essai de classification fut tenté par un Français, VINCENT DE BEAUVAIS, né vers 1190 et mort vers 1264. C’était un dominicain. Dans trois ouvrages, résultat d’un travail énorme, il fit au moyen âge quelque chose qui se rapproche beaucoup d’une encyclopédie.

Dans le Speculum historiale il fit une encyclopédie historique.

Le Speculum naturale est une encyclopédie des sciences physiques et naturelles.

Le Speculum doctrinale, auquel un auteur resté inconnu ajouta sur le même plan ; le Speculum morale, est une encyclopédie des sciences morales, philosophiques et théologiques.

Cette compilation eut au moyen âge le plus grand succès. Le nombre des manuscrits qui en ont été conservés est considérable.

Nous ne nous arrêterons pas à mentionner tous les ouvrages qui parurent au moyen âge et jusqu’à Bacon sous le nom de Speculum, de Summa, de Cyclopoedia, Encyclopaedia ou Orbis disciplinarum ; aucun d’eux n’est digne de compter dans l’histoire des encyclopédies.

C’est FRANÇOIS BACON qui jeta les fondements de la classification des sciences dans son traité De dignitate et de augmentis scientiarum (1605-1623). On peut à ce titre le considérer comme le premier encyclopédiste. Mais ni ses contemporains, ni ses successeurs immédiats ne développèrent les principes qu’il avait posés.

Malgré des tentatives faites en Allemagne et restées sans retentissement,