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voluptés. Pas une de plus, pas une de moins.

Mais comme dans les mélodrames, soudain retentit en les profondeurs insondables du couloir, un cliquetis d’éperons. Une voix, assurément habituée au commandement, criait :

— Couleuvrine ! Couleuvrine !

Le margis proféra une exclamation guerrière et pour la compréhension du vulgaire, ajouta :

— V’la l’colon !

Aussitôt il fut correct dans ses bottes, le dolman pincé l’œil grave, pour se présenter dans le corridor :

— Voilà ! mon colonel !

Seulement, il avait eu la précaution, avant de sortir, de cacher judicieusement, les pièces à conviction. C’est-à-dire, que d’un coup de pied nerveux il avait envoyé robe, jupon et chemise sous un meuble qui faisait semblant d’être une armoire. De deux bras vigoureux, il avait saisi mistress Bessie toute nue pour la déposer sur le plancher, mais sous le lit.

Néanmoins, il ne coupa point à la petite besogne anodine et superflue dont la vie militaire est pavée.

Bien mieux le colonel l’entraîna avec lui au rez-de-chaussée. Mais tout en descendant les vastes escaliers, il formulait dans sa moustache blanche :