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INTRODUCTION.

Origène)[1], ceux qu’Origène nomme, dans ce même passage, en les en distinguant avec soin, tant au point de vue des dates qu’à un autre point de vue encore : Pour lui, il y a ceux qui ont voulu scribere et ceux qui ont voulu ordinare narrationem. Ceux qui ont voulu scribere, ce sont ceux qui ont essayé de raconter, à l’instar des Évangiles canoniques, les événements de la grande période de la vie du Christ dont ont traité Matthieu, Marc, Jean et Luc (ce que nous remarquerons dans l’Évangile des douze Apôtres et dans celui de saint Pierre cités par Origène, aussi bien que dans celui de saint Barthélemy qu’il ne paraît pas encore avoir connu[2]). Il y a aussi ceux qui ont voulu ordinare, c’est-à-dire ici composer et inventer, comme l’ont fait les auteurs des évangiles encore existants de saint Thomas et de saint Matthias sur l’enfance de Jésus et de Marie, que cite Origène dans le même passage, ou le protoévangile, également connu depuis longtemps, de saint Jacques, ayant un sujet analogue et qu’Origène signale lui-même dans son commentaire sur saint Matthieu, comme d’ailleurs beaucoup d’autres Pères qu’il serait trop long d’énumérer.

Tout ceci est dans Origène parfaitement net, tandis que le mélange des divers apocryphes opéré par les Pères postérieurs (qui se sont pourtant surtout inspirés de lui) l’est beaucoup moins.

Origène voulait montrer qu’il fallait seulement s’attacher aux quatre évangiles canoniques pour les récits proprement évangéliques. Que lui importaient les autres, traitant d’autres sujets, même s’ils étaient déjà cités par Irénée, etc. C’était hors de la question et il n’en parlait secondairement que pour prouver l’audace grande de ceux qui avaient voulu inventer de tels évangiles. Voilà pourquoi, dans cette seconde partie, il cite d’abord celui de l’hérétique Basilide, avant d’en venir à ceux qui avaient été attribués à saint Matthias, etc.

  1. Origène in Matth., Migne, P. G., t. XIII, c. 875 et suiv. « Putabant igitur illum esse Iosephi et Mariae filium ; fratres autem Jesu filios esse Ioseph ex priore coniuge quam ipse ante Mariam duxerit, affirmant nonnulli, ad id scilicet adducti traditione Evangelii quod secundum Petrum inscribitur vel libri, Iacobi. » Le second livre cité paraît être le protoévangile de saint Jacques qui est aussi cité dans les Philosophoumena, p. 148 de l’édition Cruice. La même tradition se retrouve dans plusieurs autres apocryphes, la Vie de saint Joseph le charpentier, etc. Il est bien certain, d’après le passage reproduit précédemment, qu’Origène n’attribuait pas à l’Évangile de saint Pierre la même importance (surtout au point de vue de l’antiquité), qu’aux deux grands apocryphes donnés par lui comme types.
  2. L’Évangile de saint Barthélemy commence à être cité durant le quatrième et le cinquième siècle. Saint Jérôme, dans un passage déjà cité des Prolégomènes de son commentaire, l’indique à côté de l’Évangile de saint Thomas et de celui de saint Matthias (textes déjà cités ou visés par Justin après Origène, l’auteur des Philosophumena, Eusèbe, etc. et que nous possédons encore). Bède (loc. cit.) nomme de même l’Évangile de saint Barthélemy et le catalogue Gélasien le condamne. Mais tout semble prouver que ce texte, très gnostique, n’a pas de beaucoup précédé saint Jérôme comme composition. Il va sans dire que l’Évangile de saint Barthélemy n’a rien de commun, quoi qu’on en ait dit, avec l’Évangile hébreu de saint Matthieu qu’Eusèbe (l. V, ch. x), saint Jérôme (De viris illustribus, ch. xxxvi), Nicéphore (l. V, ch. xxxii), prétendent avoir été rapporté par Panthaenus des Indes où il avait été porté par saint Barthélemy.