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Je jure par le Dieu Très-Haut, Créateur du ciel et de la terre, que jusqu’à ce jour je n’ai jamais vu établi un usage tel que l’emploi du sang humain dans le rite religieux chez le peuple d’Israël ; les Juifs n’observent aucune coutume semblable, en vertu d’aucun précepte divin de la loi, d’aucune ordonnance ou institution des rabbins, et je soutiens que jamais les Israélites n’ont commis ni cherché à commettre aucun crime semblable, du moins que je sache soit par tradition, soit par l’ouvrage d’un auteur juif. David Meldola, rabbin de la communauté portugaise de Londres, s’associa au serment de Herschel. De telles déclarations, qui pouvaient paraître superflues, étaient devenues nécessaires en présence de l’odieuse campagne de mensonges menée par le parti clérical de certains pays contre les Juifs.

Mais si en France, en Italie et en Allemagne, quelques journaux semblaient croire à la culpabilité des accusés de Damas, l’Angleterre ne cessa de protester avec la plus énergique persévérance contre les atrocités dont ils étaient victimes. Ne se contentant pas des déclarations faites à la tribune de la Chambre des communes, un groupe important de commerçants, de banquiers et de membres du Parlement, au nombre de deux cent dix, demandèrent au lord maire de Londres d’organiser une réunion publique au Mansion-House, pour exprimer l’indignation des Anglais contre les persécuteurs des Juifs de l’Orient. Cette réunion, qui fut très nombreuse et très brillante, eut lieu le 3 juillet. À l’ouverture de la séance, le président s’exprima en ces termes : Les Juifs de Damas méritent la même considération que ceux qui demeurent parmi nous, en Angleterre. Or, ceux-ci, je me permets de le déclarer hautement ici, manifestent certainement autant de zèle que nos autres concitoyens pour soutenir toutes les œuvres philanthropiques, venir en aide aux faibles et aux nécessiteux, protéger les orphelins, encourager les sciences et les lettres ; ils ne limitent pas leurs bienfaits à leurs coreligionnaires, mais les étendent à tous ceux qui demandent leur appui, sans distinction de culte. D’autres orateurs, même des ecclésiastiques, parlèrent encore dans ce sens. O’Connel, le fameux agitateur irlandais, ajouta seulement ces mots : Après ces nombreux témoignages proclamant la haute valeur morale des Juifs, quel homme serait