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de ses coreligionnaires et introduire des réformes dans le culte. Ce qui est certain, c’est qu’il contribua au relèvement de la science juive.

Cette science ne tarda pas à avoir de nouveaux organes. Le plus important, rédigé en hébreu, fut fondé par Samuel-Loeb Goldberg, de Tarnopol, et s’appelait Kérém Héméd ou Vigne précieuse. Pendant dix ans, ce recueil publia de très intéressantes études sur les questions les plus variées, mais principalement sur l’histoire. On n’y trouve plus, comme dans un autre organe, plus ancien, appelé Bikkourè Ittim, ou Prémices des temps, ces essais ou jeux poétiques où des amateurs s’efforcent de mettre en vers hébreux des extraits de Racine, de Schiller et même d’Anacréon. Dans le Kérém Héméd, on s’applique surtout à produire au jour les trésors cachés du judaïsme. Avec un zèle louable et un remarquable désintéressement, des hommes de tout âge y rivalisent d’ardeur pour enrichir la science de leurs découvertes. C’est l’école galicienne qui fournit à cet organe le plus grand nombre de ses rédacteurs, dont le principal est sans contredit Salomon Rapoport. Encouragé par l’exemple de ce dernier, Krochmal aussi s’enhardit à publier sous son nom quelques chapitres de son Encyclopédie. L’Allemagne juive n’est représentée au Kérém Héméd que par deux rédacteurs, mais tous deux de haute valeur, Zunz et Michel Sachs.

À ce petit groupe de savants vinrent bientôt se joindre quelques recrues de l’Italie, pays qui, pendant de longs siècles, n’avait joué qu’un rôle très effacé dans l’histoire juive. On peut nommer, entre autres, Reggio, de Goritz, le rabbin Ghirondi, de Padoue, Almanzi, le médecin Samuel Vita della Volta, de Mantoue, et surtout Luzzatto.

David Luzzatto (né à Trieste en 1800 et mort à Padoue en 1865) se distinguait surtout par sa science profonde de la langue et de la grammaire hébraïques, par son amour passionné pour la poésie et par la finesse et la parfaite sûreté de son goût. Appelé à occuper une chaire de professeur au Collège rabbinique de Padoue, que le gouvernement autrichien venait de fonder, il s’adonna avec ardeur à l’étude du texte biblique, dont il s’efforçait de pénétrer le sens exact.