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livre suivant (décembre 1654) : Heureux message du Messie à Israël : elle est proche l’époque où Israël sera délivré de tous ses maux et ramené de la captivité et où le Messie viendra. Pour la consolation d’Israël, d’après les livres saints de l’Ancien et du Nouveau Testament, écrit par un chrétien qui attend le Messie avec les Juifs. Felgenhauer déclare que les vrais croyants des autres religions sont également les descendants d’Abraham par l’esprit, et il en conclut que Juifs et chrétiens doivent s’aimer et s’unir en Dieu comme Juda et Israël. D’après lui, cette réconciliation des diverses confessions n’est plus éloignée, comme le prouvent les innombrables maux causés par la sanglante guerre de Trente ans.

Dans l’automne de l’année 1655, Manassé se décida à se rendre à Londres, où Cromwell lui fit le plus cordial accueil. Il était accompagné de Jacob Sasportas, qui avait exercé les Ponctions de rabbin dans diverses villes africaines, et de plusieurs autres coreligionnaires. Londres était alors déjà habité par des Juifs, mais ils y vivaient sous le masque chrétien, comme à Bordeaux. Sous le règne d’Élisabeth, un médecin juif ou marrane, Lopez, avait joué un certain rôle dans cette ville comme protecteur et interprète d’un bâtard portugais, le prince Antonio, qui sollicitait l’aide de l’Angleterre pour disputer au roi d’Espagne le trône du Portugal. Victime d’intrigues, Lopez avait été accusé de trahison et condamné à mort par la reine. À la suite de cette condamnation, les parents et les amis marranes de Lopez avaient dissimulé encore plus soigneusement leur qualité de Juif.

Sous les Stuart aussi, un petit nombre de Marranes étaient venus s’établir en Angleterre, où ils vivaient déguisés en chrétiens espagnols et portugais. Le plus considérable d’entre eux était Antonio Fernandez Carvajal, très riche armateur. Il fut accusé un jour d’avoir déserte le christianisme, mais, sur les instances des principaux marchands de Londres, le Parlement imposa silence à ses accusateurs. Tous ces Marranes célébraient en apparence les offices du culte catholique dans la chapelle de l’ambassadeur portugais, Antonio de Sousa, beau-père de Carvajal ; en réalité, cette chapelle était une synagogue. Cromwell savait fort bien ce qui se passait, mais fermait les yeux. Les