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hébreux des imprimeries italiennes, n’eurent plus que des exemplaires incomplets.

Successivement chassés, au nombre d’environ 1.000, de Crémone, de Pavie, de Lodi et d’autres villes italiennes (printemps 1597), les malheureux Juifs trouvèrent avec peine un asile à Mantoue, à Modène, à Reggio, à Vérone et à Padoue. Dans le duché de Ferrare même, où Juifs et Marranes vivaient tranquilles depuis si longtemps, sous la protection bienveillante de la maison d’Este, ils ne se sentirent plus en sécurité. C’est qu’avec le duc Alphonse II disparut le dernier représentant de la noble famille d’Este (1597), et Ferrare fut incorporée par te pape Clément VIII aux États de l’Église. À la suite de cette annexion, la communauté juive, composée en grande partie d’anciens Marranes, et qui connaissait les sentiments de Clément VIII, se prépara à émigrer. Elle sollicita seulement d’Aldobrandini, neveu du pape, qui avait pris possession de Ferrare au nom de son oncle, un délai suffisant pour préparer son départ. Comme Aldobrandini avait bien vite reconnu que la prospérité commerciale de Ferrare était liée à la présence des Juifs, il leur accorda, contre la volonté du pape, un délai de cinq ans. Pourtant, les Marranes étrangers n’osaient plus se réfugier à Ferrare, parce qu’ils savaient que leur liberté y serait menacée par l’Inquisition.


CHAPITRE VI


Formation des communautés Marranes à Amsterdam, à Hambourg et à Bordeaux
(1593-1648)


À la fin du XVIe siècle, aucun pays d’Europe et d’Asie, chrétien ou musulman, n’offrait plus de séjour sûr aux Juifs, lorsque, comme par une intervention spéciale de la Providence, un asile inespéré s’ouvrit à eux dans les États de leur plus implacable ennemi, le roi Philippe Il d’Espagne. Ce fut même l’Inquisition,