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avec elle d’avoir des défauts, et qu’étant dure à elle-même, elle l’est aussi aux autres ; que surtout quand elle commence de trouver quelque faible dans les gens qu’elle avait espéré de trouver parfaits, elle s’en dégoûte trop vite et pousse trop loin le dégoût ; que le moi est une idole qu’elle n’a pas brisée…  » N’était-ce pas trop oublier ce qu’il écrivait un jour au duc de Chevreuse : « qu’une vérité qu’on nous dit nous fait plus de peine que cent que nous nous dirions à nous-mêmes » ? On peut croire au moins que Mme de Maintenon, en appelant la lumière, eût aimé à en voir un peu plus amortir l’éclat. N’était-ce pas aussi risquer d’alarmer sa conscience et ses intérêts que de l’exhorter avec une vivacité pressante « à agir sur le Roi, à s’emparer de son esprit, à l’obséder par des gens sûrs qui agissent de concert avec elle pour lui faire accomplir dans leur vraie étendue les devoirs dont il n’a aucune idée » ? Qu’aurait pensé Louis XIV d’une telle suggestion, et qu’aurait-il fait à une époque où les pouvoirs de celle que les esprits mal intentionnés s’acharnaient encore à appeler la grande favorite étaient à peine fondés ? Mais ni le sentiment d’une certaine humiliation, ni même la peur d’une défaveur passagère ne concoururent, semble-t-il, à décider Mme de Maintenon, autant que le caractère et les visées que cette consultation lui permit de reconnaître en Fénelon. Ce qu’il demande fmalement, c’est « qu’elle se soumette, par principe de christianisme et par sacrifice de raison, aux conseils d’une seule personne, » — d’une seule personne, « parce qu’on ne doit pas multiplier les directeurs, ni en changer sans de grands motifs. » L’autorité unique, souveraine, voilà ce qu’il réclame, et