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intervenue, levant les yeux vers le plafond, comptant toutes les figures qui y sont peintes et tous les morceaux de vitres qui sont aux fenêtres, mal à l’aise et gêné lorsqu’on le ramène à son premier objet, comme si on le tenait en prison ; mais il l’a suivi aussi dans les développements du penchant naturel qui le porte comme au-devant de l’instruction. L’enfant a, dès l’âge le plus tendre, la curiosité, l’imagination et, dans une certaine mesure, le raisonnement ; le secret de l’éducation est d’utiliser ces forces et d’en régler le jeu, non selon les exigences d’un système préconçu, mais en saisissant l’occasion et le moment. Le danger des leçons en forme, c’est que tantôt elles laissent sommeiller son activité alors qu’elle brûle de se déployer, et tantôt la fatiguent quand elle aurait besoin de repos ou que l’effort qu’on lui demande excède la mesure de ce qu’il peut fournir. Il faut la tenir en haleine, mais ne lui offrir que des ouvertures. Fénelon y excelle. Il est impossible de mieux exercer, en les ménageant, ces tendres organes. Pour les premières leçons de lecture, il racontera à son élève des choses divertissantes qu’il tirera d’un livre sous ses yeux : « l’enfant en concevra bientôt le désir d’aller lui-même à la source de ce qui lui a été agréable. » Son écriture est-elle suffisamment en progrès, il lui en fera immédiatement recueillir le bénéfice, en l’aidant à écrire un billet à un frère ou à un cousin. Ainsi s’empare-t-il de chacun de ses efforts, le soutenant, le dirigeant, pour son plaisir en même temps que pour son profit. Comme récompense — de préférence aux friandises et aux ajustements — il choisira quelque excursion instructive où « sa vue se promène, » quelque présent utile : une estampe,