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Avant d’en aborder l’étude, on est tout d’abord porté à se demander comment Fénelon appréciait le rôle social des femmes et quelle idée il se faisait de leur aptitude à recevoir l’éducation.

Le dix-septième siècle, le siècle par excellence de la règle et de la raison, a eu sur cette question ses entraînements, presque ses folies de doctrine. C’est au moment où la gloire de Louis XIV resplendissait de tout son éclat et alors que rayonnait autour du trône la pléiade incomparable des hommes qui, dans les lettres, les sciences, les arts, l’administration, la politique et l’Église, lui ont valu le nom de Grand, c’est à ce moment qu’on se demandait, dans une sorte de pamphlet qui à vingt ans de distance devait être imprimé deux fois, pourquoi les femmes ne seraient pas aussi capables que les hommes de remplir tous les emplois de la société. « Si l’on trouvait chose plaisante d’abord, écrivait Poulain de La Barre[1], de voir une femme enseigner dans une chaire l’éloquence et la médecine en qualité de professeur, marcher

    « Ce discours fut composé d’abord en 1675, par l’ordre d’une personne à qui je devais obéir, pour servir à l’éducation d’un jeune enfant. Je le corrigeai en 1677 et en laissai prendre quelques copies. J’y travaillai encore en 1684 et je le laissai mûrir… Je me suis enfin résolu à le donner, après l’avoir encore retouché, en cette année 1686. »

  1. De l’égalité des deux sexes, leçons physiques et morales où l’on voit l’importance de se défaire des préjugés, par Poulain de La Barre. Paris, 1675, 1691. — Cf., par le même, l’Éducation des dames pour la conduite de l’esprit dans les sciences et dans les lettres. Entretiens, 1679.