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et les fermiers de céans pour le tiers état, viennent jusqu’à Sarlat me rendre leurs hommages. Je marche accompagné majestueusement de tous ces députés, et j’aperçois le quai bordé de tout le peuple en foule… Les troupes s’étaient cachées dans un coin de la belle île que vous connaissez ; de là elles vinrent en bon ordre de bataille me saluer avec beaucoup de mousquetades… Le fougueux coursier que je monte, animé d’une noble ardeur, veut se jeter dans l’eau ; mais moi, plus modéré, je mets pied à terre au bruit de la mousqueterie qui se mêle à celui des tambours. Je passe la belle rivière de Dordogne, presque toute couverte de bateaux qui accompagnent le mien. Au bord m’attendent gravement tous les moines en corps ; leur harangue est pleine d’éloges sublimes ; ma réponse a quelque chose de grand et de doux. Cette foule immense se fend pour m’ouvrir un chemin ; chacun a les yeux attentifs pour lire dans les miens quelle sera sa destinée ; je monte ainsi jusqu’au château d’une marche lente et mesurée, afin de me prêter pour un peu de temps à la curiosité publique. Cependant mille voix confuses font retentir des acclamations d’allégresse, et l’on entend partout ces paroles : « Il sera les délices de ce peuple. » Me voilà à la porte, déjà arrivé, et les consuls commencent leur harangue par la bouche de l’orateur royal. À ce nom, vous ne manquez pas de vous représenter ce que l’éloquence a de plus vif et de plus pompeux. Qui pourrait dire quelles furent les grâces de son discours ? Il me compara au soleil ; bientôt après je fus la lune ; tous les autres astres les plus radieux eurent ensuite l’honneur de me ressembler ; de là nous en vînmes aux éléments et aux météores, et nous finimes