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Darty, qui s’amusait de sa candeur ; ou un philosophe sans scrupule, comme Duclos, qui s’offrait à en profiter. Dans son intimité, tout près de son oreille et de son cœur, une peste, Mlle d’Ette, belle autrefois comme un ange, à qui il ne restait que l’esprit d’un démon et qui lui soufflait nuit et jour la doctrine du choix librement consenti. Contre ces tentations, où pouvait-elle trouver quelque force ? Auprès de son beau-frère, M. de Jully, honnête homme, mais léger et qui, pour lui faire accepter sa première disgrâce, ne pensait pouvoir rien faire de mieux que de justifier les « passades » de M. d’Épinay ? Auprès de Mme de Jully, qui, n’ayant d’autre reproche à adresser à son mari que de ne la point assez faire jouir d’elle-même, se donnait à Jelyotte, un acteur, sauf à se laisser mourir lorsque cette fantaisie l’aurait quittée ? Auprès de Mme d’Houdetot, son autre belle-sœur, qui, mariée le soir à un homme qu’elle ne connaissait pas le matin, avait presque aussitôt contracté avec Saint-Lambert, pour lui rester fidèle, il est vrai, l’union de son choix ? Quelque intérêt que Mme d’Épinay eût à donner de ses défaillances une excuse honorable, il n’y a que justice à y faire la part de l’exemple, de l’abandon et des incitations coupables. Lorsque le tourbillon l’a emportée, elle s’abandonne avec ivresse : elle est de tous les jeux, de toutes les fêtes, de toutes les comédies ; mais dans ses plus grands entraînements il y a des principes qu’elle ne cesse jamais de respecter. Aux dîners du bout-du-banc de Mlle Quinault, auxquels Francueil la mène, elle ne peut supporter les discours de Saint-Lambert sur l’état de nature et l’athéisme ; elle se retire. Elle n’est pas moins