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consolations dans une abbaye ; on peut aller avec sa tante voir quelquefois la maison paternelle ; on va aux eaux ; on est la nièce de madame. » En dépit de ses efforts, c’est à Aix que le sacrifice s’accomplit. Quelques années après, un de ses amis, le président de Moulceau, se plaignant de certains déboires de famille : « Que feriez-vous donc, lui répondait-elle, si vous aviez une petite-fille qui eût pris l’habit à la Visitation d’Aix à seize ans ? « Cette séparation définitive lui avait rendu l’enfant encore plus chère. Quand elle s’enquérait de la santé de tout le monde, c’est par elle qu’elle commençait. Il semble qu’elle n’ait jamais complètement pardonné à sa fille de l’avoir jetée dans le cloître. « La pauvre enfant, qu’elle est heureuse, si elle est contente ! lui écrit-elle après la prise de voile. Cela est vrai sans doute, mais vous m’entendez bien. » Elle éprouvait un véritable soulagement à apprendre qu’elle était contente en effet ; mais elle eût voulu s’en assurer : un des derniers projets de voyage qu’elle conçut fut d’aller voir à Aix « sa religieuse. »

N’ayant pas réussi à sauver Marie-Blanche, elle aurait voulu du moins épargner la même destinée à Pauline.

La difficulté était dans la situation qu’il fallait faire au jeune marquis. L’aisance de M. de Grignan avait été fort entamée par le train qu’exigeait le gouvernement de Provence : il s’agissait d’assurer l’avenir de l’héritier du nom. Mme de Sévigné avait salué avec bonheur sa naissance. À cinq ans, elle commençait à se préoccuper