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l’avenir. Quel n’aurait pas été l’orgueil mêlé à sa douleur si, à cent ans de distance, Saint-Cyr lui eût apparu tombant sous les coups d’une révolution qui devait transformer le monde, mais tombant intact et après avoir subi, sans en être ébranlé, tous les assauts d’opinion du dix-huitième siècle !

Toutefois il ne suffit pas, pour bien faire, de croire à la vertu de ce que l’on fait : il y faut des règles. Il n’y a de bonne pédagogie que celle qui repose sur une psychologie ferme et éclairée. Mme de Maintenon avait la sienne, non une psychologie d’école, à déductions savantes, — une simple psychologie d’observation exacte. Elle se souvenait de sa propre jeunesse ; elle avait étudié celle des autres un peu partout, suivant le précepte et l’usage de Montaigne, au travail et au repos, au jeu surtout ; et ses réflexions prenaient vite dans son esprit ou sous sa plume le ton et l’autorité de la formule. On a plus philosophiquement analysé le caractère de l’enfant ; je ne crois pas qu’on l’ait jamais mieux compris.

Ce qu’elle cherche avant tout, c’est le naturel. Assurément elle ne pense pas à supprimer, ni même a atténuer dans l’éducation l’effort nécessaire. Elle ne demande pas « qu’on n’oblige point les enfants d’apprendre ce qu’il faut qu’ils sachent, parce que cela leur fait de la peine » ; mais elle prend grand soin de ne pas laisser confondre la dissipation avec le besoin de mouvement ; elle ne veut pas « qu’on juge qu’une fille est légère parce qu’elle sort de son banc, ou parce qu’après avoir lu quelques lignes, elle regarde un oiseau qui vole. Cette légère vaudra peut-être mieux qu’une sournoise qui parait plus sage : ce n’est pas même