Page:Gréard - L’Éducation des femmes par les femmes, Hachette, 1889.djvu/152

Cette page n’a pas encore été corrigée

de grandeur. » Celle qui l’avait remplacée, Mme Loubert, était plus docile à l’esprit nouveau ; mais, pour l’imposer, une haute volonté devenait nécessaire. La force manquait au vieil abbé Gobelin : Mme de Maintenon dut choisir un nouveau directeur. Après avoir un moment hésité entre Bourdaloue et Fénelon, elle s’adressa à Des Marais, évêque de Chartres, grand homme de bien, théologien profond, esprit sage, mais rigide et étroit[1]. La première pensée de l’abbé fut de transformer Saint-Cyr en couvent. Louis XIV s’y opposa : il n’avait pas voulu, dit-il, faire des religieuses. Soutenu par Mme de Maintenon, Des Marais finit par vaincre toutes les résistances : le 1er décembre 1692, la maison de Saint-Louis était convertie en monastère régulier de l’ordre de Saint-Augustin.

Quelques semaines auparavant, Mme de Maintenon adressait aux dames ces instructions : « Il faut reprendre notre établissement par ses fondements ; il faut renoncer à nos airs de grandeur, de hauteur, de fierté, de suffisance ; il faut renoncer à ce goût de l’esprit, à cette délicatesse, à cette liberté de parler, à ces murmures, à ces manières de raillerie toutes mondaines, enfin à la plupart des choses que nous faisions. Nos filles ont été trop considérées, trop caressées, trop ménagées ; il faut les oublier dans leurs classes, leur faire garder les règlements de la journée et leur peu parler d’autre chose. » Cette austérité de ton jeta d’abord un grand trouble dans l’esprit des demoiselles. « Les plus sages, disent les Mémoires, se contentèrent d’en être très sérieuses, sans

  1. Voir plus haut l’étude sur Fénelon, page 62.