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qui ne put être que du dernier jour, « ne voulait pas croire qu’elle irait, tant qu’elle ne fut pas partie, » et l’on connaît la lettre qu’elle écrivit le lendemain à sa fille : « Nous écoutâmes, le maréchal et moi (il s’agit du maréchal de Bellefonds), avec une attention qui fut remarquée et de certaines louanges sourdes et bien placées qui n’étaient peut-être pas sous les fontanges de toutes les dames. Je ne puis vous dire l’excès de l’agrément de cette pièce :… c’est un rapport de la musique, des vers, des chants, des personnes, si parfait et si complet qu’on n’y souhaite rien… » Le ravissement était général ; et, deux ans après, le 22 février 1691, Racine donnait Athalie. Mais les riches habillements qui avaient été préparés pour Athalie ne servirent qu’une fois. À l’enthousiasme avait succédé l’inquiétude. Cette affluence du plus beau monde, les applaudissements que les demoiselles en recevaient, leur avaient enflé le cœur : elles étaient devenues fières et dédaigneuses ; il n’était plus question entre elles que de bel esprit. Jésuites et Jansénistes se réunissaient pour blâmer ces représentations. « On disait à Mme de Maintenon — c’est Mme de Caylus qui parle — qu’il était honteux à elle d’exposer sur le théâtre des demoiselles rassemblées de toutes les parties du royaume pour recevoir une éducation chrétienne, et que c’était mal répondre à l’idée que l’établissement de Saint-Cyr avait fait concevoir. » Les esprits les moins prévenus s’associaient à ces critiques. Mme de La Fayette était une des plus vives à signaler le péril. Mme de Maintenon, qui ne l’avait peut-être pas aperçu tout d’abord, en fut plus effrayée que personne dès qu’elle s’en rendit compte, et, il faut le reconnaître, elle n’en accusa qu’