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fois dans une nuit, veillant elle-même auprès des enfants pour laisser dormir les nourrices, pansant les abcès, ne répugnant à aucun soin, n’étant jamais sans malade, ayant souvent toute la famille malade à la fois. « M. le duc du Maine a la fièvre double-quarte, M. le comte du Vexin un vomissement et un dévoiement, et Mlle de Mantes vient de retomber, lisons-nous dans l’espèce de journal qu’elle adressait à l’abbé Gobelin ; je me partage entre eux et les sers comme une femme de chambre, parce que toutes les leurs sont sur les dents. »

Cependant le secret qu’elle respectait et s’efforçait de faire respecter n’était plus « un mystère qu’en province. » À Paris on ne s’en taisait plus guère qu’en sa présence. Elle avait pu reprendre sa vie mondaine et elle y était plus que jamais fêtée. C’est le moment où Mme de Sévigné mandait à sa fille (4 décembre 1673) : « Nous soupâmes encore hier avec Mme Scarron et l’abbé Testu chez Mme de Coulange. Nous trouvâmes plaisant de l’aller ramener, à minuit, au fin fond du faubourg Saint-Germain, fort au delà de Mme de La Fayette, quasi auprès de Vaugirard, dans la campagne : une grande et belle maison où l’on n’entre point ; il y a un grand jardin, de beaux et grands appartements ; elle a un carrosse et des chevaux ; elle est habillée modestement et magnifiquement, comme une femme qui passe sa vie avec des personnes de qualité ; elle est aimable, belle, bonne et négligée. On cause fort bien avec elle. »

Louis XIV semblait le seul qui jusque-là eût résisté à la séduction. Il avait peur « de ce bel esprit à qui il fallait des choses sublimes et qui paraissait à tous égards